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Citation de mafalda_697


Qui étouffe de respirer comme on mourrait de vivre. Comme on vivrait d'une vie chronique. - Chronic living : cette formule est récemment apparue dans les humanités médicales pour désigner les maladies de longue durée, lorsque l'enjeu du soin n'est pas la guérison mais l'aménagement de la vie malade, sa vivabilité, sa vitalité même, c'est-à-dire sa transformation en forme de vie. Mais j'y entends autre chose, quelque chose qui nous est comme soufflé par la langue : que la vie elle-même peut être éprouvée comme « chronique ». Chronic living, c'est le foyer verbal d'un monde où l'on étouffe de respirer, où l'on périt de vie limpide, emprisonné comme dans une apnée. Ce n'est pas un sous-vivre, ce n'est pas une survie, c'est une sorte d'irritation du vivre qui écorche continûment le sujet, l'expose, l'enflamme, mais l'intensifie aussi, à fleur de peau.
L'expérience allergique se comprend comme une révélation, profonde et cruelle, de la sensibilité et de l'être touchable, vivant :
[...] on se laisse aujourd'hui trop facilement histaminiser. Ce ferment de l'allergie, cette force opiniâtre qui, malgré les vaccins sous-cutanés répétés depuis des années, me porte préjudice du printemps à l'automne par son refus du vert (et qui après tout m'en laisse mieux jouir quand il pourrit dans la pluie, puisque les poussières en les pollens ne « lèvent pas), me permet parfois, à défaut d'autres structures, de dire « moi » sans moyen terme, sans aucun doute, avec une épaisseur sans égale. Un moi chien, comme en acier, et à la fois d'une substance proche de la poix; le plus effiloché qui soit, mais le plus résistant et feutré pour amortir tous les frottements. (Andrea Zanzotto, « Prémisses à l'habitation »)
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