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Citation de MarilouAznar


La musique s’arrêta brusquement, et un silence presque surnaturel se fit dans la salle.
— Bienvenue, mes créatures de la nuit, susurra la voix légèrement rauque d’Alexia, démultipliée dans les enceintes.
Les fidèles, soulagés, applaudirent à tout rompre. Je fouillai la pièce du regard. Une silhouette sombre écarta le voile et s’avança vers le pentacle. La foule s’ouvrit pour laisser passer ma cousine. Elle était pieds nus et portait une combinaison noire qui lui recouvrait tout le corps. Ses cheveux, presque platine dans la lumière froide du laser, balayèrent son dos comme une coulée de soie. Un dégradé de gris avait transformé son visage délicat en crâne décharné, et l’effet était saisissant. Les joues n’existaient plus, effacées par le fard ténébreux, et une mâchoire grimaçante s’étirait en trompe-l’œil jusqu’à ses oreilles.
Avec grâce, elle se pencha sur la tête de bouc et caressa les cornes lisses. Puis elle claqua deux doigts tachés de sang, et une femme âgée d’une soixantaine d’années en tailleur noir s’approcha avec un plateau en métal. Elle était grande et très mince. Des bandeaux de cheveux blancs rassemblés en chignon encadraient son visage anguleux. Elle leva le menton et ses yeux opaques croisèrent les miens. Un frisson courut sur ma nuque. C’était l’inconnue que ma cousine avait retrouvée après les cours, celle dont se plaignaient Victoire et Justine.
Alexia saisit la chose morte par les poils poisseux de sang coagulé, et la maintint quelques secondes en l’air avec un tel sérieux que personne n’osa rire. Ses pupilles luisaient d’un éclat malsain dans les larges puits charbonneux de ses orbites. Elle déposa la dépouille sur le plateau et la femme s’éclipsa avec son macabre fardeau. Ma cousine fit le tour de la pièce, dans un silence sépulcral. Sous les yeux de ses invités fascinés, elle s’arrêta devant Thomas. Délicatement, elle lui caressa la joue. Quand elle recula, je vis que sa main avait laissé une traînée de sang sur la pommette. Un léger cri échappa à Nora, et un murmure s’éleva de la foule. Thomas fit un pas en arrière, très pâle. Le dégoût se lisait sur son visage. Alexia, indifférente à la commotion que son arrivée spectaculaire avait provoquée, se dirigea vers les platines d’une démarche lente et assurée :
— Merci d’avoir assisté à ma petite cérémonie. Les esprits malins sont apaisés. Que la fête commence !
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