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Citation de chevalierortega33


Les restrictions imposées par le président Buhari viraient au jeu de massacre. Le confinement était prolongé de quinze jours supplémentaires. « Cinquante millions de personnes testées positives à la faim au Nigeria : où en est le vaccin ? » Le message tournait en boucle sur les ondes radio et sur toutes les lèvres. À Kaduna, le Covid-19 chinois avait été rebaptisé Hunvid-20, littéralement en anglais le « hunger virus », le virus de la faim. La veille le gouverneur de l'État avait annoncé la mise en place de marchés alimentaires d'urgence et d'une dizaine de banques alimentaires pour distribuer des vivres aux populations les plus démunies, mais tout le monde savait qu'il s'agissait d'une goutte d'eau dans un océan de pauvreté.
Les déplacements étaient en théorie interdits, sauf pour se procurer à manger, un jour sur deux, mais rien n'arrêtait des ventres vides. La faim poussait la population sur les routes à la recherche de nourriture, au risque de se faire arrêter ou pire. Ces derniers jours, les forces de sécurité nigérianes avaient exécuté dix-huit personnes pour non-respect des mesures de confinement. Goje avait vu les vidéos de violences policières qui circulaient sur les réseaux sociaux. Sa fille aînée les lui avait montrées avant de lui faire jurer qu'il n'était pas impliqué et ne le serait jamais.
On y voyait des policiers de Kaduna détruire des étals de marché ou tabasser des femmes tentant de vendre un peu de marchandise. On percevait la corruption et la colère. Mais personne ne filmait les parties de golf des privilégiés des beaux quartiers, leurs réfrigérateurs garnis jusqu'à la gueule de brochettes suya, d'okpa et de boulettes de foufou, leurs piscines turquoise, ni les poids lourds et les camions-citernes de Shell, de la Nigerian National Petroleum Corporation et de grosses sociétés comme la firme australienne Cornet Minerals Limited, spécialisée dans le pillage des ressources de nickel des sous-sols de Kaduna, qui continuaient de circuler en toute liberté d'un État à l'autre sans se soucier de ceux qui crevaient sur le bas-côté.
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