Citations de Marin Ledun (375)
Au Nigeria, le code criminel de 1990 prévoit que les femmes victimes de violences sexuelles portent à elles seules le fardeau de la preuve. Alors même qu’elles viennent de subir les pires sévices, elles doivent pouvoir trouver la force psychologique, physique et les ressources pour financer la procédure judiciaire, fournir le transport aux agents d’enquête et payer les tests médicaux qui prouveront qu’elles ont été violentées. Très peu de victimes ont les moyens de payer tout cela. Quand elles les ont, elles doivent encore trouver un agent de police qui accepte d’enregistrer leur plainte et qui ne soit pas trop gourmand en pot- de-vin.
On a la liberté qu’on peut et la fierté déplacée qui va avec.
La colère donne des ailes.
Après tout, les temps changent. Même les anarchistes mangent bio et trient leurs déchets.
Lundi, c'est bigoudis et poésie. Au menu du jour, soins capillaires aux huiles essentielles, beurre de karaté non raffiné et première séance d'un cycle intitulé: "Abstinence et auto fiction dans la littérature du XXème siècle: mythe ou réalité?
- 1. Le priapisme chez Houellebecq.(...)
Si nous avons le temps, nous avancerons sur la deuxième, une lecture croisée d'extraits choisis de L'amant de Duras et Vu du ciel d'Angot, autour du thème du renoncement: "2. La traversée du Mékong et la métaphore de la digue."
Les mauvaises nouvelles attirent les journalistes et les curieux comme des mouches à merde
D'un côté, les forfaits à 29,90 euros et les offres illimitées et, de l'autre, les conditions de travail qui permettent ces prix défiant toute concurrence et leurs conséquences sur la santé des salariés. (p. 85)
Je m'étire et réajuste l'édredon sur lequel je lézarde un peu, façon Francis Ponge. Vert-Pêche me rejoint sur le lit-futon, dans le plus simple appareil. Fesses poilues, ça me plaît. Pas forcément les poils, mais le fait qu'il n'ait pas cédé au marketing malsain de l'épilation peau-de-bébé-Cadum- comme si la pilosité nuisait au plaisir et à la performance. Ça m'arrange. D'une part parce que je ne suis pas trop ticket de métro, voire franchement feignasse du maillot. D'autre part, la performance, ça m'emmerde.
Les deux gendarmes discutèrent encore un instant, puis ils firent demi tour. Leur véhicule disparut peu après de la ligne droite, ne laissant dans son sillage qu'une sale odeur de monoxyde de carbone et de suspicion.
"Il consentit finalement à ouvrir la bouche : je sais ce que tu veux dire. Mais ce n'est pas moi qui suis bizarre, ce sont les autres, tellement que je n'arrive pas à comprendre comment ils font. Même quand j'ai une vie normale, une vie de tous les jours, j'ai quand même l'impression d'être un martien. Les gens sont tellement différents de moi, ça me donne le vertige."
Soji Shimada, Tokyo Zodiac Murders, 1987
(...) une fois l'homme localisé grâce à son portable au domicile de sa régulière, une épouse modèle de dix ans sa cadette qui s'envoyait en l'air avec lui trois fois par semaine depuis un an quand son mari était de garde au centre pénitentiaire de Valence où il officie comme gardien et où, ironie du sort, l'amant officie aussi régulièrement comme détenu. C'est d'ailleurs comme ça qu'elle fait sa connaissance, un jour où elle raccompagnait son mari au travail et ou l'autre sortait d'une peine de trois mois ferme. Il lui a demandé une cigarette, elle l'a pris en stop. Il arborait son plus beau survêtement Adidas, elle lui a offert son corps.
Dieu existe , je l'ai rencontré.
Et c'est une femme.
Elle porte une blouse blanche, sent la vanille et tient un flacon de morphine dans une main, une seringue dans l'autre qu'elle me plante dans la fesse et qui soulage aussitôt ma douleur, m'envoyant planer avec Lucy dans un ciel de diamants.
Iban serre les dents et pense à l’angoisse d’Élea Viscaya, perdue au milieu de nulle part, à la merci de cinq types qui lui jettent de l’eau glacée sur l’entrejambe et menacent de la violer pour une guerre qui a commencé quand elle n’était même pas encore née. Une guerre bien trop sale pour elle.
Simon a connu les joies acides de l'aide sociale à l'enfance à la française et de l'article 375 du Code civil - la clef qui permet à l'état d'entrer dans le foyer familial sans y avoir été invité. Enfance " en danger" , ordonnances de placement provisoire, foyers, familles d'accueil successives, objet de rapports psychologiques et médico-sociaux, interrogatoires serrés par une foule de gens qu'un gosse ne devrait jamais croiser : juges pour enfants, psychologues, psychiatres, assistantes sociales, flics...
Gus est le gamin le plus pacifique que la terre ait jamais porté depuis que les Beatles, les Rolling Stones et Daniel Filipacchi ont inventé l'adolescence.
La justice était plus lente que les neurones en suractivité d'un officier de campagne.
Le problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines. Ces projets montés en quelques jours, annoncés priorité - n°1 - et abandonnés trois semaines plus tard sans que personne ne sache vraiment pourquoi, sur un simple coup de fil de la Direction. La valse silencieuse des responsables d'équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles, mutés dans une autre agence ou partis par la petite porte. Cette tension permanente suscitée par l'affichage des résultats de chaque salarié, les coups d'oeil en biais, les suspicions, le doute permanent qui ronge les rapports entre collègues, les heures supplémentaires effectuées pour ne pas déstabiliser l'équipe, le planning qui s'inverse au gré des mobilités, des résultats financiers et des ordres hebdomadaires. Les tâches soudaines à effectuer dans l'heure, chaque jour plus nombreuses et plus complexes. Plus éloignées de ses propres compétences. Les consignes qui évoluent sans arrêt. Les anglicismes et les termes consensuels supposés stimuler l'équipe et masquant des réalités si sourdes et aveugles que le moindre bonjour est à l'origine d'un sentiment de paranoïa aiguë. L'infantilisation, les sucettes comme récompense, les avertissements comme punition. La paie, amputée des arrêts maladie, et les primes au mérite qui ne tombent plus. Les objectifs inatteignables, les larmes qui montent aux yeux à tout moment, forçant à tourner la tête pour se cacher, comme un enfant qui aurait honte d'avoir peur. Les larmes qui coulent pendant des heures, une fois seul. Mêlées à une colère froide qui rend insensible à tout le reste. Les injonctions paradoxales, la folie des chiffres, les caméras de surveillance, la double écoute, le flicage, la confiance perdue. La peur et l'absence de mots pour la dire. (p. 21-22)
J'ai de la chance dans mon malheur, car il paraît que d'après certaines doctrines de l' Egypte Antique, chez les Grecs ou les bouddhistes, notre substance vitale peut aussi être transférée dans une tortue, un phacochère, un bivalve d'eau douce et se métempsycoser dans les fibres d'une ortie, d'un pissenlit ou d'une herbe à chat, voire carrément dans la peau d'un descendant direct de Kim Jong-un ou Donald Trump.
Par contre, parler d 'amour, même festif, ça m'ennuie prodigieusement. L'amour, ça se pratique, ça ne se dit pas. Faut que ça reste artisanal et bancal, sinon ça vire à la science kamasutraque ou à l'industriel dorcellien.
Les policiers s'égaillent dans toutes les directions, comme des bobos au rayon fruits et légumes d'un supermarché bio.