Mario Hade

Elle avait toujours pensé qu’elle garderait sa virginité pour celui qu’elle épouserait. En 1954, la religion dominait la population, et ses parents étaient très conservateurs sur ce point. Une femme qui perdait sa virginité avant le mariage était considérée comme une femme facile. Évidemment, l’hypocrisie faisait partie du quotidien des gens à l’époque. Beaucoup d’entre eux avaient goûté au plaisir du sexe sans le crier sur les toits.

Juliette vivait un conte de fées. Un homme d’âge mûr lui offrait la liberté et la volupté. Qu’il soit marié n’était pas un obstacle majeur à ses yeux. Elle acceptait l’idée d’être une femme entretenue, sans même savoir ce qu’il adviendrait de sa personne s’il se lassait d’elle. Le moment présent était rempli de jouissances. Que pouvait-elle attendre d’autre dans sa vie d’adulte qui débutait ?

Fais-lui ton plus beau sourire et détache quelques boutons de ta blouse pour mettre en évidence ta poitrine, et il va t’engager. Ce qui compte, c’est ton entregent.

Les clients vont tout te pardonner si tu exposes tes attributs sans exagération, si tu comprends ce que je veux dire. Y’a pas un p’tit vieux ni un travailleur qui dédaignent d’admirer une jeune femme bien roulée.

On n’achetait rien sans l’avoir consulté, parce qu’il connaissait beaucoup de marchands à force de cirer leurs chaussures.

Pauvre Yvan ! Mais quand le paraître est plus important que l’être… c’est certain qu’il est dévasté.

Une croissance trop rapide est aussi risquée qu’un ralentissement, et tu as bien fait d’insister sur l’importance d’engager une personne à la main de fer aux comptes clients. Une image vaut mille mots et tu as mis le doigt sur le bobo.

Il y avait toujours un côté positif à une action, même la plus déchirante. C’était le prix à payer pour retrouver l’harmonie dans le couple.

Elle est belle comme le jour avec des yeux qui brillent et des lèvres magnifiques. Si tu la voyais quand elle me sourit, je viens tout à l’envers.

L’amour peut être une source de chagrin. Je te conseille de te protéger. Achète des condoms et traînes-en dans tes poches. On ne sait jamais à quel moment on cède à la passion.

Gérard fut surpris qu’elle lui parle de cadeau. Il était sans mot devant sa beauté. C’était pour lui déjà un cadeau que d’avoir la chance de côtoyer une aussi belle femme. Elle était encore plus magnifique que la veille quand il l’avait suivie au retour de la messe. Il avait eu le temps d’admirer ses jambes à souhait en la filant, mais ce jour-là, sans manteau, dans une belle robe fleurie qui se boutonnait à l’avant, elle était merveilleuse. Elle avait laissé ouverte l’encolure de sa robe et il pouvait admirer la naissance de ses seins. Il était si troublé qu’il s’étouffa avec une gorgée de soupe.

Quand on travaille fort, le temps passe plus vite.

Tous les enfants se couchèrent tôt ce soir-là afin d’être en forme pour découvrir leurs nouvelles écoles et affronter leurs nouveaux camarades de classe. Certains appréhendaient ce moment, d’autres ne s’en souciaient guère, et les plus jeunes étaient impatients de reprendre les cours, assoiffés de connaissance.

Il confondait son illettrisme avec l’ignorance, ce qui lui donnait un complexe d’infériorité, alors qu’en réalité, c’était un homme plein de ressources s’il les utilisait à bon escient. Quant à son alcoolisme qui semblait avoir refait surface, l’homme l’associait à la série de malheurs qui s’étaient abattus sur lui.

Émile craignait tellement de devoir se confesser à un prêtre qui ne serait pas très réceptif à sa faiblesse qu’il en avait oublié que le démarreur de sa camionnette pouvait lui faire faux bond n’importe quand. En fait, il avait trois grandes faiblesses : la cupidité, l’envie et l’ignorance. Son ivrognerie découlait des trois combinées. Ces faiblesses engendraient tous les autres défauts qui l’accablaient. Il était têtu au point de s’obstiner, même quand il savait qu’il avait tort.

Maudite boisson ! Se confesser, c’était bien beau, mais il se ferait sûrement réprimander de nouveau par le prêtre qui recevrait ses aveux. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement boire comme son frère sans sentir ce feu qui lui dévorait l’âme et qui obscurcissait sa vie tout entière ?

La vie était belle et la veuve aussi. Elle l’avait émoustillé plus qu’il ne l’aurait voulu, mais à son âge, la testostérone était à son plus haut niveau.

Elle trouvait parfois qu’Émile s’immisçait un peu trop dans son champ d’activités. Les enfants, c’était son domaine jusqu’à ce que son mari décide que tel enfant était en âge d’accomplir telle tâche.
Ce monopole de l’autorité parentale la contrariait. Elle trouvait cela injuste. Elle tenterait de faire changer d’avis son mari par la douceur sans avoir à subir ses caresses.

Un agriculteur qui sait s’y prendre peut très bien gagner sa vie avec cette belle parcelle de terre.

Le feu était alors l’un des fléaux les plus redoutés, surtout si l’on vivait à la campagne. Il détruisait tout sans grand espoir d’y échapper.