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Critiques de Mario Roques (3)
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Ames en peine

Ce recueil de 9 nouvelles roumaines a vu le jour sous le patronage de Mario Roques qui signe une merveilleuse préface. Il affirme avoir choisi lui-même le titre et s’en explique. Je lui laisse la parole, car c’est toujours un plaisir incommensurable pour moi de lire des appréciations faites par un étranger sur la littérature roumaine. Par ailleurs, ce livre est entré dans le domaine public, aussi ai-je le droit de citer à volonté :



« L’âme en peine, c’est l’âme sans secours, sans recours, sans une voie marquée vers aucun but permis, sans la lumière d’aucun lointain espoir. Âme en peine, le soldat juif, Itsic Struhl, poltron bon combattant, poursuivi par son chef d’une haine sans raison, acculé à la désertion et qui se pend pour ne pas être déserteur ; âmes en peine, le pauvre musicien Mocan, sans travail, sans énergie, bientôt déchu, et sa vaillante petite Poucha à bout de force et d’espérance, allumant pour son père et pour elle le réchaud libérateur ; âme en peine, Toader le paysan, sans courage devant la méchanceté combinée de sa femme et de sa fille, harassé de travail, abruti d’injures, et glissant, heureusement, dans son puits.

Tous ceux-là, leur faiblesse, sociale ou personnelle, les livre au vent mauvais de la vie qui les harcèle et les emporte. Voici maintenant d’autres âmes, égarées, perdues dans les ténèbres de leur passion. Âme en peine, Fanica toujours ramené dans les bras ardents de la diabolique maîtresse Manjoala ; la charmante petite Borivojé, mourant d’un amour impossible, qu’elle ne veut pas combattre, et pour qui le dernier sacrement sera le premier et le seul bonheur ; et Lelia désespérément accrochée à jouir de la honte d’un amour qu’elle appelle et refuse ; et le Jean de “La Veillée funèbre” dans l’ivresse où il venge son frère ; et encore Sultane et Tudor, emportés dans leur irrésistible embrassement, qu’une implacable fatalité fait, de criminel, horrible, et qu’ils ne dénouent pas même dans la mort.

Est-ce donc un “Livre de la Pitié et de la Mort” que ce recueil ? Non, pas absolument, car la mort y est affranchissement plus que tristesse ; mais livre de pitié pour l’impuissance de l’homme contre la vie et contre lui-même et aussi pour l’obscur chaos de l’âme des faibles et des simples. Ce n’est pas une pitié désespérée, mais l’espérance qui s’y mêle est bien pâle et, elle aussi, sans force et sans élan. C’est par là, je pense, que nous atteignons un aspect de l’âme roumaine. Le peuple roumain, dans sa longue histoire, a subi tant de misères, tant de tortures ; il a été, dans son corps, — mais non dans son âme, — l’esclave de tant de maîtres, il a été la victime de tant de bourreaux ; les succès passagers de ses efforts admirables pour reprendre sa place légitime dans le monde des nations ont été contrebattus par l’acharnement de tant de volontés mauvaises, qu’il en a gardé comme une timidité, une indécision, presque une peur, de l’espérance qui persiste au fond de lui. Puissent ceux qui sont vraiment ses amis lui redonner le goût et la force d’espérer !

Dans beaucoup d’autres nouvelles roumaines on retrouve cette lassitude, cette insatisfaction, cette atonie de l’espérance, qui règne dans tout ce recueil, même dans ce rêveur et charmant poème en prose où Ionel Teodoreanu revit “La Rue de l’enfance” pour finir, dans la tristesse lamartinienne des foyers effacés, avec l’âme en peine d’un vieillard. »
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L'insurrection

L’insurrection (ou La révole, selon la traduction) est un grand roman social de l’auteur roumain Liviu Rebreanu. Au début du 20e siècle, les paysans réclament le partage des terres auxquelles s’accrochent les grands boyards. La tensions monte, les intendants en font fie et les propriétaires terriens, malgré leurs bonnes intentions, ne voient rien. Quand l’étincelle est allumée, elle embrase toute la région, les châteaux sont incendiés, des boyards assassinés et leurs cheptel et matériel agricole volés. Ce roman est inspiré d’un fait réel, la jacquerie de 1907.



Mais le roman ne présente pas les paysans roumains comme de pauvres victimes. D’ailleurs, dès le début, ils sont décrits par d’autres personnages comme étant bêtes, paresseux et mauvais, jamais satisfaits. De la terre et encore de la terre. De plus, mêmes s’ils jouent un rôle important, les protagonistes n’appartiennent pas à leur classe. En effet, le roman s’ouvre avec le jeune Grigore Iuga, qui revient au manoir familial après avoir passé quelque temps dans la capirale Bucarest. Il y retrouve son vieux père Miron et son épouse Nadine. Aussi, il est accompagné de son ami le poète et maintenant journaliste Titu Herdelea.



Le début du roman est un peu lent et très technique (toute cette question du partage des terre ne concerne plus seulement les boyards mais aussi indirectement toute la bourgeoisie, elle est sur toutes les lèvres). Grigore présente son domaine à son ami, la description qu’il en fait témoigne de l’amour qu’il porte à la terre. Il en va autrement quand il lui fait le portrait des paysans. Il semble bien intentionné mais on sent l’incompréhension de parts et d’autres. Ajoutez à cela un père intransigeant, des intendants peu fiables et des fauteurs de troubles, vous avez la recette parfaite pour des insurrections importantes. Et dramatiques.



Dire que le roman repose uniquement sur la famille Iuga ne serait pas juste. Beaucoup (trop) de paysans sont mentionnés, présentés, vus dans leur quotidien. J’en ai retenu quelques uns mais, les autres, la majorité, je les confondais. Il faut dire que tous ces noms roumains auxquels j’étais peu habitué ne m’aidaient pas à les graver dans ma mémoire. Aussi, leurs histoires personnelles finissaient par se rejoindre. Alors… Malgré cela, j’ai bien apprécié cette lecture. Il faut dire que ces grands mouvements de masse, celle des paysans en colère, puis des armées venues rétablir la paix, me faisaient un peu penser à ces romans de Tolstoï.
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L'insurrection

Un formidable portrait social, culturel et politique de la Roumanie (et plus largement des Blakans) du début du siècle. Beaucoup de thèmes abordés (les inégalité, la xénophobie, les liens familiaux etc.) avec un grand talent par Liviu Rebreanu, grand représentant du courant réaliste de la littérature roumaine.
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