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EAN : 978B003WVFICY
VIGNEAU (01/01/1946)
5/5   1 notes
Résumé :
Nouvelles traduites du roumain et présentées par Mario Roques, membre de l'Institut.
Comprend:
1) À l'auberge de Manjoala, de Ion Luca Caragiale
2) De chez nous à Kladovo, de Gala Galaction
3) Itsic Stroul, déserteur, de Liviu Rebreanu
4) La rue de l'enfance, de Ionel Teodoreanu
5) Contagion, de Hortensia Papadat-Bengescu
6) Poucha, de I. Peltz
7) Veillée funèbre, de Pavel Dan
8) L'auberge rouge, de V. B... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce recueil de 9 nouvelles roumaines a vu le jour sous le patronage de Mario Roques qui signe une merveilleuse préface. Il affirme avoir choisi lui-même le titre et s'en explique. Je lui laisse la parole, car c'est toujours un plaisir incommensurable pour moi de lire des appréciations faites par un étranger sur la littérature roumaine. Par ailleurs, ce livre est entré dans le domaine public, aussi ai-je le droit de citer à volonté :

« L'âme en peine, c'est l'âme sans secours, sans recours, sans une voie marquée vers aucun but permis, sans la lumière d'aucun lointain espoir. Âme en peine, le soldat juif, Itsic Struhl, poltron bon combattant, poursuivi par son chef d'une haine sans raison, acculé à la désertion et qui se pend pour ne pas être déserteur ; âmes en peine, le pauvre musicien Mocan, sans travail, sans énergie, bientôt déchu, et sa vaillante petite Poucha à bout de force et d'espérance, allumant pour son père et pour elle le réchaud libérateur ; âme en peine, Toader le paysan, sans courage devant la méchanceté combinée de sa femme et de sa fille, harassé de travail, abruti d'injures, et glissant, heureusement, dans son puits.
Tous ceux-là, leur faiblesse, sociale ou personnelle, les livre au vent mauvais de la vie qui les harcèle et les emporte. Voici maintenant d'autres âmes, égarées, perdues dans les ténèbres de leur passion. Âme en peine, Fanica toujours ramené dans les bras ardents de la diabolique maîtresse Manjoala ; la charmante petite Borivojé, mourant d'un amour impossible, qu'elle ne veut pas combattre, et pour qui le dernier sacrement sera le premier et le seul bonheur ; et Lelia désespérément accrochée à jouir de la honte d'un amour qu'elle appelle et refuse ; et le Jean de “La Veillée funèbre” dans l'ivresse où il venge son frère ; et encore Sultane et Tudor, emportés dans leur irrésistible embrassement, qu'une implacable fatalité fait, de criminel, horrible, et qu'ils ne dénouent pas même dans la mort.
Est-ce donc un “Livre de la Pitié et de la Mort” que ce recueil ? Non, pas absolument, car la mort y est affranchissement plus que tristesse ; mais livre de pitié pour l'impuissance de l'homme contre la vie et contre lui-même et aussi pour l'obscur chaos de l'âme des faibles et des simples. Ce n'est pas une pitié désespérée, mais l'espérance qui s'y mêle est bien pâle et, elle aussi, sans force et sans élan. C'est par là, je pense, que nous atteignons un aspect de l'âme roumaine. le peuple roumain, dans sa longue histoire, a subi tant de misères, tant de tortures ; il a été, dans son corps, — mais non dans son âme, — l'esclave de tant de maîtres, il a été la victime de tant de bourreaux ; les succès passagers de ses efforts admirables pour reprendre sa place légitime dans le monde des nations ont été contrebattus par l'acharnement de tant de volontés mauvaises, qu'il en a gardé comme une timidité, une indécision, presque une peur, de l'espérance qui persiste au fond de lui. Puissent ceux qui sont vraiment ses amis lui redonner le goût et la force d'espérer !
Dans beaucoup d'autres nouvelles roumaines on retrouve cette lassitude, cette insatisfaction, cette atonie de l'espérance, qui règne dans tout ce recueil, même dans ce rêveur et charmant poème en prose où Ionel Teodoreanu revit “La Rue de l'enfance” pour finir, dans la tristesse lamartinienne des foyers effacés, avec l'âme en peine d'un vieillard. »
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le début de mars est souvent pesant et triste. Les maisons se resserrent dans les rues; les hommes hâtent le pas; derrière des rideaux sales apparaissent parfois des têtes effarées de femmes comme prises de peur, et de vieillards résignés dans l'attente du dernier lever de soleil; partout le silence accable comme une douleur lancinante.

(p. 157, début de la nouvelle Poucha de Ion Peltz)
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