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Citations de Mario Tronti (26)


« Dire la vérité est un acte révolutionnaire » affirmera quelqu’un d’autre, sans la majuscule. Mais il faut savoir dire : et pas à tout le monde, seulement à ceux dont cela nous intéresse qu’ils comprennent. Aux autres – par exemple à l’adversaire de classe -, il faut savoir le cacher. Ce qui nous intéresse, c’est qu’il ne comprenne pas.
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La pensée de la liberté ne peut s’exprimer immédiatement en une révolte de comportement. Entre la pensée alternative et la liberté de l’esprit, au milieu, il faut la politique. Il faut une médiation, qui analyse des forces en présence et élabore la pratique des actions. Le problème est toujours celui, très ancien, du sens à donner à l’alterité par rapport à ce qui est : comment être dans son temps sans appartenir à son temps.

[...] Qui veut s’opposer ne doit pas courir après les temps. Ils nous font déjà courir toute la journée en nous empêchant de nous arrêter ne serait-ce qu’un instant pour penser. Et l’on peut même courir en étant assis à bord d’un avion. On passe en peu de temps d’un bout à l’autre du monde en laissant à terre, pour chaque heure de vol, un petit bout de soi. Le mouvement ouvrier a commencé à perdre lorsqu’il a commencé à courir, je le répète, en Occident et en Orient, avec le capitalisme moderne : à courir, non pas derrière la contradiction, mais devant la modernisation toujours croissante.

« Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende » disait Quelqu’un. Peut-être devons-nous recommencer à prêcher par paraboles. Cela devient nécessaire en des temps où les majorités ont « la nuque raide ». Parabole, et non allégorie : ne pas signifier autre chose que ce que les mots disent, mais dire en mots simples le contenu mystérieux de la parole nouvelle, jamais entendue : dire, donc, par comparaison, par similitude, en révélant la vérité dans un récit de réalité. Et quand la foule devint si nombreuse que Jésus commence à enseigner au moyens de paraboles, au bord de la mer, Lui assis dans une barque et la foule à terre (voir tout Mc 4). « C’est par beaucoup de paraboles de ce genre qu’il leur disait la Parole selon ce qu’ils étaient capables d’entendre. Il ne leur parlait pas sans parabole, mais en privé, il expliquait tout à ses disciples. » [...]
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Il est facile de reconnaître l’enthousiasme de l’être entravé, c’est-à-dire non libre, dans l’homme-masse qui s’identifie dans un chef, ou bien dans l’homme intégralement établi dans un absolu fondamentaliste. Il est plus difficile à identifier dans l’individu à côté de nous, ici, aujourd’hui, produit raffiné de la dérive modernisatrice. C’est pourtant à lui que nous avons affaire. Si nous ne parvenons pas à démasquer le faux-semblant de liberté par rapport au destin qui réside dans la figure présente, anthropologiquement déterminée de l’homo œconomicus + homo democraticus, nous n’aurons jamais de vision exacte de la condition politique contemporaine. Et sans cette vision exacte, nul projet de grande transformation ne saurait être réellement réalimenté par l’enthousiasme du libre esprit.
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Il nous faut une conscience, qui se donne une volonté. La politique, comme forme de liberté au sein d’une histoire caractérisée par le destin, ne peut se séparer d’elle-même, sans se livrer naïvement à l’inefficacité de l’agir. Connaître le destin dans toute son étendue, pour s’y opposer. La politique n’est pas le règne de la fin, elle est la république des moyens.
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En réalité le rêve d’une chose marxien s’est réalisé entre 1917 et 1945. Il ne pouvait durer plus longtemps; il aurait dû durer davantage. D’où le tragique qui s’en est emparé, sous diverses formes, qu’il s’agit encore de comprendre. [...] Ce n’était pas la fin du Moderne, mais plutôt sa réalisation dans son essence ultime, bourgeoise tardive, avec son économie des « esprits animaux » et sa démocratie des « derniers hommes ».

Par chance pour nous, les vainqueurs en question étaient stupides. Ils ne se rendaient pas compte qu’en anéantissant leur ennemi ils se réduisaient eux-mêmes à néant. Ils ignoraient la dialectique du maître et de l’esclave. Ils ne savaient pas manier l’art de la guerre, qui recommande de ménager une voie de sortie à l’ennemi en fuite. Ils voulaient purement et simplement supprimer la grande peur du vingtième siècle qui avait troublé les rêves de la raison instrumentale. D’où, au moins depuis le milieu des années soixante-dix, les différentes tentatives pour sauter rapidement, immédiatement, au siècle suivant. Un seul mot d’ordre : oublier les horreurs du passé immédiat, pour restaurer dans toute leur magnificience les destinées du progrès. Les chantres du moderne, les ex-quelque chose, les post-eux-mêmes, divisés entre aspirants à gouverner liberal et contestataires d’opposition radical, acceptèrent l’invitation à danser sur les décombres des murs. Toute une foule se mit en mouvement pour trouver une porte de sortie au vingtième siècle. Les uns, réformistes en bonne position, se précipitèrent des premiers rangs vers une issue de secours; les autres, aux derniers rangs, révolutionnaires pris au piège, se piétinèrent les uns les autres. Ainsi, malgré la stupidité des vainqueurs, les vaincus prirent la ferme résolution de perdre.
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Je dois comprendre. Tel est l’impératif catégorique : non pas éthique, mais théorique. [...] Comprendre quoi? Pas seulement comme peut finir une grande histoire. Même les grandes choses prennent fin. Mais comment elle a pu finir d’une façon si misérable : passion et mort séparées, l’une sans l’autre, l’une contre l’autre. Quelle histoire? L’histoire à laquelle j’appartiens. Minuscule molécule, insignifiée et insignifiante, d’un organisme vivant, appartenant plus, à la limite, à une histoire qu’à un passé. Je soutiens volontiers la thèse selon laquelle le vécu est aujourd’hui plus puissant que le vivant, comme arme pour arracher à la réalité la connaissance, la compréhension, la possession, le jugement.
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Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

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