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Critiques de Marité Villeneuve (1)
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Pour un dimanche tranquille à Pékin

Le récit débute en 1988. Félix Leclerc vient de mourir et c'est en chantant «Moi, mes souliers» que Marie, la narratrice, entreprend un voyage qui la mènera en Chine, en passant par Londres, par Glascow, par Paris et par les Cévennes. Il faut en faire, des détours, avant d'atteindre son but. Pour une femme de 40 ans insécure, qui n'a pas eu d'enfant, qui a laissé au Québec un psychanalyste qu'elle appelle Noé (la traversée de l'inconscient exige un passeur), il va de soi ... que rien ne va de soi. D'ailleurs, l'histoire semble vouloir prendre tout son temps... et ce n'est qu'au 9e chapitre de la première partie que l'auteure (on aura vite deviné qu'elle et la narratrice ne font qu'une) avoue son incapacité à accoucher d'un récit. Le lecteur ne s'en plaindra pas trop: la longue gestation a permis de belles incursions dans les villes visitées. De belles réflexions, aussi.



« Je t'envoie une carte postale de Louis le berger. [...] Il ne sait ni lire ni écrire à part signer son nom de famille. C'est pour les papiers (quand il y en a) et pour les élections. Chaque jour, il sort les soixante-dix moutons de la bergerie et va les promener pendant quatre à cinq heures dans la montagne. Il est toujours de bonne humeur, surtout avec un p'tit coup de rouge. Et même sans. En été, il fait la transhumance. C'est-à-dire qu'il conduit ses troupeaux et ceux de la région vers les sommets, une randonnée de trois mois. [...] La transhumance...Quel joli mot, tu ne trouves pas? Je regarde dans le dictionnaire: « Du latin trans «au-delà» et humus «terre»; migration périodique des troupeaux de la plaine vers les pâturages des montagnes.» Je suis en transhumance moi aussi. Je suis au-delà de ma terre, je cherche d'autres sommets, de nouvelles nourritures, et suis aspirée vers les plus hautes cîmes.»



En fait, la narratrice entreprenait ce voyage pour elle-même (pour quoi, au juste? pour trouver un sens à sa vie? pour écrire?), mais les plus beaux passages sont ceux où elle met de côté ses questions existentielles pour se tourner vers les autres: Magda, une artiste bouddhiste qui révélera à Marie, par le biais des enseignements zen, que rien n'a de but véritable (quel soulagement!), ses amis à qui elle écrit des lettres, Laurence qui l'accueille chez elle, dans les Cévennes, et puis Qian, le gentil guide chinois qui se désole de ne pouvoir l'emmener place Tian an Men (la révolte gronde chez les étudiants)...



Finalement, le lecteur ne peut pas reprocher à l'auteure d'avoir trop louvoyé, à travers de nombreux chapitres concis, avant d'en arriver justement à ce constat: la vie, il faut simplement la vivre. Alors on lit ce récit pour la danse allègre des mots, et non pour arriver à pénétrer toutes les arcanes de l'existence.



« L'art zen, c'est l'apprentissage du dépouillement, la légèreté de la main, la continuité du mouvement, la fluidité du geste qui intègre les aléas de la page, l'espace, le souffle. «Difficile à communiquer», dit Magda. Surtout la non-intention, le non-désir. Voilà tout l'esprit du zen. Il faut apprendre à renoncer au but. Les gens qui ont un but sont toujours pressés, ne prennent pas le temps de sentir. La vie n'a pas de but. Elle est, c'est tout. Le fleuve a-t-il un but? Il coule, point. »





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