Puisqu’ils prenaient notre vie, c’est qu’elle était un trésor, puisque les miens étaient morts j’étais dépositaire de leurs vies. Ils m’avaient légué leur passé, ce qu’ils auraient pu devenir et ce qu’ils avaient vécu de joies et de peines. Par moi seul vivait la rue Senatorska, par moi seul vivait la cachette du ghetto, par moi seul vivait le regard de Zofia ou de Rivka. Par moi seul et peut-être père avait-il réussi, peut-être dans la campagne luttait-il ou peut-être avait-il regagné Varsovie. Et par moi vivrait la vengeance. J’ai décidé de vivre. J’ai décidé de m’enfuir. Au nom de tous les miens.