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EAN : 9782266122214
384 pages
Pocket (22/02/2002)
  Existe en édition audio
4.23/5   1982 notes
Résumé :
De la guerre, le petit Martin connaîtra tout : les privations, les humiliations, la peur durant le temps passé au ghetto de Varsovie, l'horreur absolue des camps nazis à Treblinka, la fureur de vivre quand il s'en échappera caché sous un camion, l'abattement et aussi le suprême courage quand il apprendra qu'il a perdu tous les siens...
Et puisqu'il faut bien vivre, il s'engagera ensuite dans l'Armée rouge, puis partira aux Etats-Unis... Enfin la paix reviendr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (136) Voir plus Ajouter une critique
4,23

sur 1982 notes
Il est de ces livres qui restent comme tatoués à vie dans une vie.
Le jour de mes 11 ans, mon oncle m'offre mon premier gros livre d'adulte. Il s'agit d'"au nom de tous les miens". A l'époque, j'étais insouciante, centrée sur ma vie de collégienne avec ses soucis futiles et sans importance. Je ne connaissais absolument rien, ni de la guerre, ni de la Shoah. J'étais vierge du malheur et de l'histoire.
Je l'ai dévoré ce livre. Et quand je l'ai refermé, j'ai pleuré. Pour la première fois, j'ai pleuré sur un livre. Je n'arrivais pas à croire que tout cela ait VRAIMENT existé. Je ne pouvais même le concevoir et l'imaginer. Après cela, ma vie a pris une dimension bien plus étendue et universelle. Je me suis intéressée au passé, de ma famille puis de mon pays, puis du monde.
A l'époque, mon contexte familial n'étais pas facile. Je lisais dans le lit de mes parents car c'était un lieu rassurant et le seul lieu disponible. En lisant, je relativisais mes malheurs, et je me souviens avoir pensé que comparé à Martin, rien n'avait d'importance et que cela m'a aidé à traverser les épreuves familiales.
Je ne pourrais donc pas vous parler ni du style, ni du livre, juste vous dire qu'il y eu pour moi un avant et un après "au nom de tous les miens". Et que je ne serais pas celle que je suis, sans ce livre.
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Je viens de lire en ligne que Monsieur Martin Grey vient de mourir, rendons hommage à ce grand homme. Je vous souhaite bon voyage dans l'infini Monsieur Grey.
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Je reprends mon souffle. J'ai lu cet ouvrage d'une traite, en apnée. Mes mâchoires sont crispées, mes muscles endoloris, mes yeux brouillés.
Je ne jugerai pas l'oeuvre, d'autres l'ont fait avant moi avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Je livrerai juste quelques réflexions, quelques émotions.

Martin GRAY raconte sa survie dans cette Pologne occupée, où les juifs voient des murs ceindre leurs quartiers pour en faire des ghettos, où des camps se préparent à leurs entreprises funestes.
Martin organise sa survie, du Ghetto de Varsovie au camp d'extermination de Treblinka, il observe. Il s'échappe à plusieurs reprises de la nasse, pour y revenir, quitte un camp pour en rejoindre un autre, s'imprègne de l'horreur pour en témoigner un jour, au nom de tous les siens.
Martin est mû par un amour infini, celui de la vie, un amour inconditionnel qui maintiendra la mort dans son ombre, alors que celle-ci s'acharne sur les siens.

L'homme a produit l'impensable, l'innommable, il a produit ce génocide ,quitté l'humanité pour embrasser le néant. Il garde en mémoire sa capacité à produire le pire.
Mais l'homme oublie, spécule, réinvente l'histoire. Assoiffés de pouvoir, certains encensent la haine pour mieux attirer leurs proies. Combien de génocide depuis le Ghetto de Varsovie, Cambodge, Rwanda, Tibet, Kurdistan, Soudan … L'homme oublie, on gaze en Syrie.
Alors ne nous leurrons pas, nos sociétés sont en danger, le pire est à nos portes.
L'Europe est en proie à une montée des partis populistes, nos démocraties sont bousculées, notre humanité trébuche, des migrants errent en méditerranée.
Je n'ai pas le naturel de l'apologie du pire, j'ai une foi inébranlable en l'être humain, je reste éveillé, vigilant et ne veux rien lâcher.

Merci monsieur GRAY pour votre témoignage, votre humanité et votre amour de la vie. Je n'oublierai pas.








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Lorsque Martin Gray, qui vient de s'évader du camp d'extermination de Treblinka, rencontre ses coreligionnaires dans un village voisin et tente de les convaincre de s'enfuir, argumentant des horreurs qu'il avait vécues, ils ne le croient pas.

"Ils ne pouvaient pas me croire parce qu'il était impossible d'imaginer Treblinka."

Comment le croire en effet ? Leur incrédulité leur vaudra de subir ce à quoi Martin Gray tentait de les préserver. La mienne d'incrédulité, lecteur d'un temps décalé, averti de cette page de déshonneur de l'histoire de l'humanité, me vaut de rester médusé devant ce que j'ai lu. Parmi les innombrables et innommables atrocités qu'auraient vécues Martin Gray : étrangler des enfants, sortis miraculeusement vivants de la chambre à gaz, pour les préserver d'être ensevelis vivants dans les fosses que creusait inlassablement l'excavatrice !

On n'ose imaginer que ce fait puisse faire partie de la part de fiction ajoutée au récit par Max Gallo à une réalité déjà insoutenable. Faudrait-il en rajouter à l'horreur pour convaincre que l'effet serait inverse.

Pareille ignominie révélée ne pouvait être que "le cauchemar d'un fou" aux yeux de qui ne l'avait pas vécue, dit-il lui-même. Le cauchemar se perpétuait donc devant l'impossibilité de convaincre, de savoir des hommes, des femmes et des enfants se destiner à Treblinka du seul fait de cette incapacité à l'envisager.

Et qui d'ailleurs pour survivre à pareil traitement ? Un homme jeune. Il n'a pas vingt ans. Un homme que le sort préserve pour faire revivre par le témoignage et la perpétuation ses êtres chers engloutis par la déferlante de la haine. Mais c'est un autre cauchemar que le sort lui réserve. le cauchemar du bonheur foulé aux pieds. L'incendie du Tanneron qui le privera une seconde fois de l'amour des siens dans la fournaise. Sans doute celle de l'inconséquence cette fois. Celle de l'acharnement du sort en tout cas.

Martin Gray est mort en 2016. Quelle que soit la part de fiction de son ouvrage rédigé par Max Gallo, une chose est certaine, il se savait attendu dans l'au-delà par ceux dont les tragédies l'avaient privé de leur amour terrestre. Ils n'étaient que des précurseurs pour un monde que tout-un-chacun espère dépourvu de haine.
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Martin Gray est un héros : pas un héros de roman, un héros, un vrai. Jamais je n'ai lu une telle volonté de vivre, un tel destin. Au nom de tous les miens, j'aurais dû l'avoir lu depuis très longtemps et finalement, j'ai attendu. Je ne pensais pas découvrir cette histoire, ce courage et cette injustice du sort. Après tout ce qu'il a vécu (la mort des siens, la torture, la déportation, la vue des pires horreurs...) Martin Gray est toujours en vie et il témoigne.
Né en 1914, il vit aujourd'hui à Ciney, en Belgique, dont il est citoyen d'honneur. Il a près de 800 000 lettres auxquelles il aimerait répondre :

"Je devrais répondre à 800.000 lettres… Certaines font vingt pages! Ma secrétaire a calculé qu'il me faudrait trois siècles pour y répondre! C'est d'ailleurs un terrible dilemme pour moi. Chaque courrier demande une réponse. Mais il faut bien faire un choix… Je donne priorité aux appels au secours. Certaines réponses sont dans les livres que j'ai écrits. (…) Je voudrais encore écrire. Un bouquin sur mon père, sur tout ce qu'il m'a enseigné… Mais le temps me manque! La veille de son assassinat dans le ghetto de Varsovie, papa me disait encore… « On va sans doute laisser le monde dans le même état que ce qu'il était avant notre venue, mais il faut quand même espérer changer quelque chose pour qu'il devienne un peu meilleur. » Vous savez, on sort à peine de la préhistoire… Qu'est-ce qu'une vie d'homme à l'échelle du temps?" (intw infocatho.be)


Tout commence à Varsovie. Martin y vit avec les siens, sa mère, ses frères et son père, jusqu'à ce que les Allemands fassent un ghetto de cette ville polonaise. Martin fait du marché noir, il trafique, il parvient à sortir du camp, à se faire l'ami de voyous, à s'échapper à chaque fois qu'il le faut. de son père, résistant, il tient cette rage de vivre, sa vivacité d'esprit qui le fait agir et réfléchir très vite. Mais un jour, il est dans le train pour Treblinka, avec sa mère et ses frères.

Dès leur arrivée, ces derniers partiront aux chambres à gaz. Lui survit dans le camp, charriant les morts, découvrant mille horreurs, achevant les enfants encore vivants dans les pseudo-douches, assistant aux assassinats gratuits, comprenant que la chance est avec lui puisque à tout moment, sur une envie, un coup de tête d'un Ukrainien, d'un SS, il peut mourir d'une balle dans la tête. Il parvient à réaliser l'impossible : s'enfuir de ce camp d'où l'on ne s'enfuit pas, profitant d'avoir à charger un train de sacs entre lesquels il se glisse.
Ensuite, c'est la survie dans la campagne polonaise : il rencontre les traîtres, les bourreaux, mais il croise aussi des gens bienveillants. Il se joint à des groupes de résistants staliniens, participe au soulèvement du ghetto de Varsovie où il voit son père mourir fusillé, puis il partira pour New-York, où il lui reste membre de sa famille : sa grand-mère. A partir d'elle, il veut semer de nouveau les graines.

Tout au long du livre, Martin se bat pour les siens, "au nom de tous les miens", comme il le répète inlassablement. La vengeance est amère. Il comprend très vite que ce n'est pas elle qui les fera revenir ; il se garde de devenir lui-même un bourreau. Ce qu'il veut, c'est une famille, une femme, des enfants, à travers lesquels revivront ses proches et tous ceux qu'il a vu se faire assassiner. Il veut transmettre, dire l'horreur, celle que personne n'a crue quand il s'est échappé de Treblinka et qu'il a tenté de prévenir les Juifs de Zambrow. Comment croire que des milliers de personnes, des soeurs, des mères, finissent assassiner, que des femmes enceintes soient éventrées, des bébés jetés contre les murs?

Jamais Martin ne s'est découragé. Sa volonté, sa débrouillardise, son audace et sa présence d'esprit l'ont sauvé.

L'histoire pourrait s'arrêter là, mais le destin horrible le rattrape, des années après, quand il a enfin fondé cette famille qui lui est si chère. Il a rencontré Dina à New-York alors qu'il était devenu un très riche homme d'affaires.

Ensemble, ils se marient et, entre 1960 et 1968, ils ont quatre enfants.

Ils vivent dans le sud de la France, à Mandelieu, près du Tanneron, où ils ont acheté le domaine des Barons. Ils ont une vie saine. Dina a décidé, avant la naissance de son premier enfant, qu'elle serait végétarienne : impossible de tuer pour manger et avant ce régime alimentaire, elle ne pouvait pas avoir d'enfants, preuve d'une vie plus saine. Martin l'a suivie, et tous les six vivent non loin de la mer, dans le bonheur, dans le partage, l'amour, la musique, avec leurs trois chiens, leur chat nommé Laïtak, en l'honneur du chat que Martin a été dans le ghetto de Varsovie.

... jusqu'à ce qu'un incendie provoqué par la sécheresse les tue tous, sauf lui. Pour la deuxième fois, il perd ceux qu'il aime, comme si le tribut qu'il avait payé autrefois n'avait pas été assez lourd. Ces pages sont d'une tristesse... La souffrance est indicible. Pour le lecteur qui a suivi le destin de cet homme hors du commun, d'un courage incroyable, voir le malheur s'abattre sur lui encore, cette injustice fait très mal :

Son réflexe a été d'abord de vouloir se tuer. Comment vivre encore? Ses amis l'en ont empêché. Depuis, il a écrit, a créé la Fondation Dina Gray, contre les incendies, à vocation écologique. Il s'est remarié deux fois, a eu cinq enfants. La vie coûte que coûte, mais comment, par quelle force intérieure?

A la fin du livre, Martin Gray nous invite à lire les autres textes qu'il écrit pour essayer de "dire pourquoi il faut vivre et comment on peut atteindre le bonheur, le courage et l'espoir, malgré tout". (Le livre de la vie, Les forces de la vie, La vie renaîtra de la nuit).
Je suis admiratrice de cet homme qui est bien au-dessus des hommes. Dire un surhomme, si cela n'avait pas une drôle de connotation, conviendrait. Il est un exemple, on a envie de le garder en vie encore longtemps parce que par sa présence, il rend son histoire encore plus édifiante :

"Je suis heureux d'être ici maintenant. J'ai 91 ans… Ce sera ma dernière maison. J'ai appris qu'il y avait déjà neuf centenaires à Ciney, je voudrais être le dixième!" (intw 2015 pour infocatho.be)
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Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
C'est vrai, je suis devenu égoïste, c'est vrai je peux voir un mourant et passer près de lui sans m'arrêter. Parce que j'ai compris que pour le venger il me faut vivre, à tout prix. Et pour vivre, il faut que j'apprenne à ne pas m'arrêter, que je sache le regarder mourir.
Mon égoïsme c'est ce qu'ils m'ont laissé comme arme, je m'en suis saisi, contre eux. Au nom de tous les miens.
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C'est surtout le soir que je suis ainsi ,avec la haine de ma vie ,cette vie qui m'est restée .
"..... ............."
Le 2 octobre la veille de l'incendie ,ils couraient vers moi lançant leur cartable par-dessus leur tête........
J'ai pris une photo ce jour-là. Elle est là, devant moi .Le lendemain,il n'y avait plus rien de ma vie : ma femme et mes enfants etaient morts ; au- dessus du Tanneron s'effilochait une fumée noire. Je n'avais pas vu de flammes si hautes depuis le temp où brûlait le ghetto de Varsovie.
Alors aussi j'étais resté seul: de ma vie ,alors aussi,il n'y avait plus rien,que moi vivant.
J'étais sorti des champs de ruines,j'étais sorti des égouts , j'étais sorti de Treblinka et tous les miens avaient disparus .Mais j'avais vingt ans,une arme au poing ,le forêts de Pologne etaient profondes et ma haine comme un ressort me poussait jour après jour à vivre pour tuer.
Puis pour moi,après la solitude,semblait venu le temps de la paix: ma femme , mes enfants.
Et oui cet incendie ,le Tanneron en flammes,le crépitement du feu ,cette odeur et la chaleur comme à Varsovie.Et on m'a tout repris,tout ce qu'on avait semblé me donner: ma femme,mes enfants ,ma vie. Une deuxième fois il ne reste que moi vivant.
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‎Toute la journée, j’ai marché dans le ghetto. Des enfants fouillent dans les poubelles, une femme son bébé mort dans les bras mendie ; un couple élégant, l’homme superbe, bras croisés, la femme maquillée, chantent au milieu de la chaussée. Là on vend des livres par paniers entiers, ici un homme est allongé sans connaissance : sans doute le froid et la faim. Tout va mal : la mort est partout.
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Qui me rendra leur vie ? Qui me rendra la vie ? Je ne me suis pas tué, je parle, je mange, j’agis. J’ai traversé le temps où l’envie de mourir était ma seule amie. J’ai traversé le temps où la seule question était « Pourquoi, pourquoi moi ? Pourquoi deux fois les miens, n’avais-je pas assez payé mon tribut aux hommes, au destin ? Pourquoi ? »
Je parle : je dis le récit de ma vie pour comprendre cet enchaînement de folie, de hasards, ces malheurs m’écrasant.
Et je suis vivant, et je mange, et j’agis. J’ai voulu savoir, je viens d’un monde, ma préhistoire, qui m’a habitué à regarder la mort telle qu’elle est. Je n’écoute même pas ceux qui me disent : ils n’ont pas souffert. Je sais qu’ils ont atrocement souffert, quittant la voiture, s’enfuyant devant les flammes, Dina arrachant les talons de ses souliers pour mieux courir, enveloppant ses enfants agrippés à elle, gagnant quelques mètres sur la fournaise. Et tous d’un seul coup abattus par le feu.
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Les soldats ont forcés les SS à entrer dans le bus [...]
Ce n'étaient que des bêtes. Mais quand un soldat a versé de l'essence sur l'autobus, quand le feu bleu et jaune a jailli, que les hommes se sont mis à hurler poussant contre les tôles, que les soldats brusquement silencieux regardaient ces hommes mourir, j'ai bondi, je me suis mis à gesticuler, secouant les uns après les autres ces jeunes Russes fascinés, sentant qu'ils étaient en train d'être contaminés eux aussi par la guerre, qu'ils allaient devenir des bêtes aux visages d'homme comme ces SS.
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Videos de Martin Gray (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Martin Gray
Martin GRAY au Camp de Rivesaltes
>Histoire de l'Europe depuis 1918>Histoire militaire 2de guerre>Résistance (Deuxième guerre mondiale : 1939-1945) (41)
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