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Citation de Partemps


Nietzsche, en une pensée devancière, s’est engagé dans le désert de cette dévastation qui intervient quand la fabrication prend une forme inconditionnelle et mûrit ses premiers « succès » dans le caractère exclusif de sujet que revêt l’animal humain considéré comme bête de proie. Le désert est l’enlisement et la dispersion de toutes les possibilités de la décision essentielle. Ce qui donne sa teneur décisive à l’impossibilité complète de toute décision est la doctrine de l’éternel retour ; elle est en ce sens, à la fin de la métaphysique occidentale, l’élément même où se concentre la fin — l’élément métaphysique ultime qui pouvait et devait être pensé en Occident — la pensée de toutes les pensées de Nietzsche ; pensée qui n’a rien à voir avec un succédané de « religieux » — elle n’est pensable au contraire qu’au sein de la pensée métaphysique la plus décisive. Ce désert, où Nietzsche s’est avancé en éclaireur et qui ne se découvre que lentement, est le fondement abrité en retrait pour que se consomme sa pensée, laquelle contre vents et marées conserve sa nécessité. Ce qui porte la marque du désert a beau être repoussant, paralysant et désolant, cela ne doit cependant détourner à aucun moment de son chemin l’effort d’une explication pensante, et conduire à faire que cela — ce qui porte la marque du désert — devienne en soi-même une raison de rejeter Nietzsche.
Combien différent est Hölderlin, que seule l’interprétation la plus outrancièrement biaisée et la plus nocive peut faire passer pour le « Nietzsche souabe ». Hölderlin, dans sa dictée poétique, ne pénètre en aucune manière dans des sphères toutes de sérénité — il ne cherche pas non plus son salut dans les oasis que réserve le désert — mais il se risque, d’une manière nouvelle, différente et unique en son genre, dans la « tout ancienne confusion » — et cela, il nous faut le penser, d’une pensée qui se porte en avant, comme le hors-fond de cette essentielle profusion où la décision prend forme.
Mais, avant que nous soyons en mesure, nous et ceux qui sont à venir, de nous tenir instamment au cœur de la « tout ancienne confusion », ne faut-il pas que la toute récente dévastation soit parcourue ? Nous est-il permis d’y voir un signe que l’histoire- destinée du refus de l’estre vient proprement à soi dans des sauts que sépare chaque fois un espace hors de tout fond, qu’elle avance et se poursuit sous une forme qui, dans son aspect superficiel, vient alimenter l’exploitation technico-historique de la soi- disant « vie » afin de ne pas pressentir combien l’historiographie de l’étant dans son cours suit un cours qui l’égare et la rejette loin de l’histoire-destinée de l’estre ? En ce sens, aucun chemin ne conduit de la dévastation du désert (de la complète absence de tout besoin d’en venir à une décision) à la confusion de l’erroire — alors même que le désert doit nécessairement être parcouru. Les étapes de ce parcours doivent céder la place à un autre saut, qui à son tour pourrait ne pas seulement renouveler ce qui trouva son institution chez Hölderlin.
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