Extrait du documentaire "Tout à la musique" réalisé par Martin Mirabel sur le pianiste Lucas Debargue.
Il est des années merveilleuses où une fée choisit de se pencher sur le berceau de la musique. 1685 en est une puisqu'elle voit naître successivement Georg Friedrich Haendel, Jean-Sébastien Bach et Domenico Scarlatti. Trois compositeurs de génie, trois claviéristes virtuoses, trois grands maîtres que tout rapproche et oppose à la fois.
Au XVIIIe siècle, à l'instar d'une camériste ou d'un cuisinier, un musicien porte toujours la livrée des domestiques. Mozart et Beethoven ne sont pas encore nés.
Scarlatti contemple. Il ouvre grand les yeux et les oreilles. Il écoute le bruit des bêtes, le son des cloches et "le chant des charretiers, des muletiers et autres gens du peuple". Le soir, au rythme des castagnettes et des guitarras, il découvre sur les autels du chant et de la danse les invocations à Notre-Dame des gitans. Séguedille, fandango, zapatéado, jota...
La mort s'est installée dans la conscience de Germain et jamais plus elle ne s'en ira. C'est la première déchirure entre lui et le monde. La campagne est silencieuse en cette fin d'après-midi. Il y a des lézards sur les murs de pierres blondes, de la tristesse dans les cœurs endeuillés, des parfums dans l'air du soir et le glas qui résonne dans le vent.