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Citation de Pralinerie


Etre victime et être une victime
Le discernement dans l'épreuve, quand il devient possible, ne nous permet pas seulement de savoir ce que l'on peut attendre de la vie: il pose la question de savoir ce que nous voulons faire de cette épreuve, une fois celle-ci advenue. Il permet ainsi de faire une distinction, qui me parait précieuse, entre le fait d'etre victime et le statut de victime. Il arrive qu'on soit victime de quelque chose : coups, insulte, humiliation, harcèlement... Le défi, souvent, est de le reconnaître : de reconnaitre que telle personne a voulu nuire à ma personne, et qu'elle y est parvenue. Consentir à dire que l'on fut victime du mal, cela fait mal : dans un aveu de faiblesse qui est un grand courage, j'affirme qu'un être malveillant a réussi à me gâcher la vie, à tarir la source de mon bonheur. Toutefois, s'il est courageux de s'avouer victime, ce l'est moins de devenir «une victime» : de faire de cette mésaventure un statut, un mode d'existence. Qu'est-ce qu'une victime? C'est quelqu'un qui n'existe que par son malheur. Sa sentence, en général inconsciente, est la suivante : «Je souffre, donc je suis.» L'être qui n'existe qu'en tant que victime peut être des plus agressifs : car s'il y a une victime, il y a des bourreaux. «Qui sont-ils donc?» se demande-t-elle. Ce sera vous, ce sera moi:la personne qui se comprend à partir du statut de victime fera de celui qui ne va pas dans son sens son bourreau. (...) À cela, il n'est qu'un seul remède : comprendre que si on les reçoit sans les vouloir, on est toutefois responsable de ce que l'on fait de ses blessures. Ce trou dans ma peau est ou bien voie vers la souffrance des autres, ou bien ce dont j'userai pour les faire taire. Il faut de l'humilité pour reconnaitre qu'on fut victime du mal. Il en faut aussi pour déployer l'histoire de cette blessure dans le sens de la vie, et non de la mort. Il est probable que la voix de notre conscience nous demandera, au soir de notre vie : «Qu'as-tu fait de tes talents? As-tu fait fructifier tes dons?» Mais il est intéressant d'imaginer qu'elle nous dira de même: «Qu'as fait de tes blessures ? » Qu'aurons-nous à lui répondre?
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