Citations de Martine Le Pensec (47)
Flora comprenait le sens de l'expression « passer derrière le miroir ».
Regard intense, présence énergique. Gilles n'était pas n'importe qui et cela se sentait. C'était un homme de l'ombre qui avait vécu des choses différentes.
Gilles exerçait un métier dangereux, un métier de soldat.
Flora s'était habituée à ne rien prévoir. C'était plus simple. D'enfant il n'en avait pas été question. Jeune, elle n'y songeait pas. Aux abords de la trentaine, elle avait compris que ce ne serait pas facile
Gilles ne passait pas plus de quatre ou cinq mois par an avec elle. Ses missions la prenaient toujours au dépourvu, au milieu d'un repas, en voyage, au coeur de la nuit... Flora s'était habituée à ne rien prévoir. C'était plus simple.
Léa sourit. - Bonne réflexion ! Si ce ne sont pas des jeunes qui ont vandalisé la grille, alors le tueur aurait soit poursuivi sa victime, soit il lui aurait donné ren dez-vous là ! On se reverra, Debbie ? Chaque détail, même minime ou qui semble insignifiant, compte dans une enquête.
Ce serait de la préméditation alors... Mais il aurait fallu que le tueur sache que la victime allait venir là.
Debbie hocha la tête. - Je n'habite pas ici et je ne suis pas vraiment au courant des habitudes du quartier. Vous croyez qu'elle a été enlevée intentionnellement ? Ce serait de la préméditation alors...
Devant l'air interrogatif de Léa Mattei, elle ajouta :
- Bertrand Morin de la Chatellière. Oui, je sais, ça surprend quand on voit les lieux. Mais c'est un brave homme, dépassé par la maladie de sa femme. Je ne sais pas trop s'il fait attention aux allées et venues. Le ruisseau se trouve au fond de son ter rain et le pont est un peu plus loin. Au moins cent mètres, n'est-ce pas ? Pourquoi me demandezvous cela ?
Léa soupira.
- Parce que la grille qui ferme la buse était déplacée lorsque le corps a été retrouvé. Je me demandais si des jeunes en mal d'amusement auraient pu faire ça.
Pour le moment, les deux personnes progressaient lentement sur un chemin quasi invisible en direction du marais. L'hiver glacial n'incitait pas à la promenade de nuit, pas plus que le temps.
Cette vaste tourbière occupe une gigantesque cuvette dans les Monts d'Arrée. Autrefois, le centre de celle-ci était rempli par une bourbe mouvante qu'on appelait le Youdig, "petite bouillie" en breton. C'était là, à trente minutes de Brest, que la tradition bretonne situait la porte de l'Enfer.
Un an plus tôt. Froide et pâle, la lune de janvier dessinait à peine les deux silhouettes qui traçaient un chemin laborieux dans le Yeun Elez. Cette vaste tourbière occupe une gigantesque cuvette dans les Monts d'Arrée.
Elle sentit qu'on la dirigeait vers le fauteuil voisin de Florent. Elle étouffa un hoquet tandis qu'on l'y poussait. Les deux individus discutaient à voix bas se. Ils ne semblaient pas d'accord. Celui qui l'avait maî trisée paraissait affolé. Il tournait en rond en pas sant sa main sur sa cagoule. - C'est de la folie, perçut-elle. On ne peut pas faire ça !
Du coton dans les oreilles. Un brouillard épais dans la tête. Les muscles sans force. Le choc de la scène qui venait de se produire avait anéanti sa réactivité. Lily était hébétée.
L'individu de droite profita de sa surprise pour la maîtriser. Tout s'était joué en quelques secondes. Elle était abasourdie tandis qu'il la tenait fermement. Lily fut prise de violents tremblements. Une sueur froide la glaça entièrement tandis que ses dents se mirent à claquer.
Ses yeux semblaient suivre le trajet prédestiné d’une goutte d’eau le long d’une fissure du plafond.
Léa lui fit signe de ne pas bouger et sortit derrière lui. Visiblement c'était un passager imprévisible. Il ne descendait jamais au même endroit. Ce qui était certain c'est qu'il ne flânait pas. Léa voyait s'agiter le cartable qu'il portait à la main et il avançait à grands pas.
Elle se sentait coincée. Incapable de l'aborder. Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longtemps. Il s'apprêtait à sortir à la prochaine station.
Gloria n'osait pas lever les yeux. Malgré tout elle ne put résister à la tentation de lui jeter un coup d'oeil et croisa son regard. Elle vit qu'il la reconnaissait et il lui sembla qu'il lui faisait un infime signe à mi-chemin entre un petit sourire et un signe de tête. Ses joues s'enflammèrent !
Le bus était bondé et il était difficile de l'aborder au milieu des passagers. Léa sortit discrètement son IPhone, le mit en position selfie et l'orienta pour capter l'homme dans l'écran. Elle appuya sur le déclencheur en espérant obtenir au moins un cliché net.