« Les sept récits qui suivent sont une lente montée vers la lumière comme le bain du révélateur infuse dans la pénombre avant de laisser apparaître l’image en douceur. C’est bien la capacité de révélation, propre à la photographie, qui est le sujet de ce livre. » (p. 26 & 27)
« Dans ma pratique professionnelle, j’ai constaté que le processus de perception et sa transformation concernent aussi le regardeur. Regarder est moins une activité objective qu’une construction de l’esprit. » (p. 24)
« Un seul coup d’œil suffit pour rentrer par effraction dans l’intimité des autres et saisir systématiquement les secrets du désir : la concupiscence, la jalousie, la peur, l’admiration, l’amour dans le regard de l’autre et des autres… Les pulsions du désir finissent par échapper à leur propriétaire. Ce regard-là vous vaut toujours des ennuis : les gens ont horreur d’être « devinés » (légitimement paranoïaques à leur tour ?). Un jour, j’ai fini par comprendre que cette activité d’espionnage et mon goût personnel pour l’écriture ne faisaient qu’un. » (p. 44)
« La bonne photographie tire sa force de séduction du chemin tortueux qu’elle parcourt dans notre inconscient. Elle est une aventure inoubliable. Il lui arrive toutefois de rejoindre le bataillon des images endormies qui peuplent nos imaginaires avant de réapparaître comme un fantôme, miraculeusement surgi de je ne sais quelle nuit. » (p. 101 & 102)
« Quel intérêt Doisneau aurait-il eu à mentir ? À vouloir se faire passer pour un metteur en scène, un truqueur plutôt que pour un génie de l’instantané ? » (p. 161)
« S’intéresser à la couleur, c’est donc voyager dans un pays aux contours incertains dont on ne peut jamais vraiment faire le tour. » (p. 93)
« La meilleure façon de voir serait donc de fermer un œil pour ne garder que le bon. » (p. 109)