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Citation de Charybde2


Rétrospectivement, la chose était prévisible. Tout, dans l’histoire de la Compagnie de Jésus, montrait qu’elle alliait le savoir-faire au sens de l’efficacité, le goût de l’exploration à celui de la recherche. Au cours de ce que les Européens se plaisaient à appeler l’âge des Grandes Découvertes, les prêtres jésuites n’étaient jamais arrivés plus d’un an ou deux après ceux qui avaient noué des rapports avec des peuples jusque-là inconnus ; ils étaient même, bien souvent, à l’avant-garde des explorateurs.
Il fallut des années aux Nations unies pour parvenir à une décision que la Compagnie de Jésus prit en dix jours. À New York, les diplomates multiplièrent les débats acharnés, ponctués d’innombrables suspensions et ajournements, afin de savoir s’il fallait consacrer des ressources humaines à une éventuelle prise de contact avec le monde que l’on connaîtrait ensuite sous le nom de Rakhat, alors qu’il y avait sur Terre tant de besoins pressants, et pourquoi. À Rome, les questions que l’on se posa n’étaient pas si et pourquoi, mais dans quel délai la mission pourrait être tentée et qui envoyer.
La Compagnie ne demanda la permission d’aucun gouvernement temporel. Elle agit conformément à ses propres principes, avec ses propres capitaux et sous l’autorité du pape. Et la mission vers Rakhat fut entreprise non pas tant secrètement que confidentiellement – distinguo subtil, mais que la Compagnie ne se sentit nullement tenue d’expliquer ou de justifier lorsque la nouvelle fit les gros titres de l’actualité quelques années plus tard.
Les scientifiques jésuites partirent apprendre et non convertir. Ils partirent parce qu’ils voulaient connaître les autres enfants de Dieu, parce qu’ils voulaient les aimer. Ils partirent pour la raison qui a toujours poussé les jésuites vers les frontières extrêmes de l’exploration humaine. Ils partirent ad majorem Dei gloriam, pour la plus grande gloire de Dieu.
Ils ne pensaient pas à mal.
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