Le bois est une muraille sombre face à eux. Tout est gris. La légère brise porte un parfum d’humidité, de sève et de froid. Les arbres dressés au garde-à-vous frémissent. Une torpeur fragile règne sur la forêt et étouffe les voix autour de Will. Le sol est comme tapissé de poussière. Certains sapins, brisés par la tempête de la veille, gisent en étendard déchirés sur un champ de bataille silencieux. Le père serre les poings et suit Narrok, qui disparaît derrière la barrière de mélèzes comme derrière les grilles d’un cimetière.
Dans un coin de la cuisine, une couronne de fleurs fanées lutte pour sortir de la poubelle. Will traverse la pièce, enfonce le couvercle. À ses pieds, les pétales qui dépassaient, brisés, chutent en silence sur le carrelage froid. Il se laisse tomber sur une chaise en leur jetant un regard haineux. On lui a dit que les chrysanthèmes ne fanaient pas.
Will ouvre grand les yeux sur les abysses, mais ce sont elles qui regardent en lui.
L'œil du cadavre le toise.