Maryanne Stevens

Sisley préfère les abords des villages, la navigation tranquille sur les cours d’eau, les bois et les prairies vides, les jardins près des maisons. On y voit des personnages, certes, mais aucun ne se détache particulièrement ; ils apportent de petites touches d’animations et des accents de couleur ; ils servent de marqueurs spatiaux sur une route ou un pont, ils conversent dans une rue.

Un des cotés les plus intéressants du paysage est le mouvement, la vie. c'est aussi un des plus difficile à obtenir... Tout doit y contribuer: la forme, la couleur, la facture. c'est l'émotion qui éveille celle du spectateur". Sisley

Sisley est un pur peintre de paysages, dont la vision est entièrement commandée par le ciel, la terre, l'eau, dans leur diversité et leur multiples combinaisons.

Penearth et Langland Bay incitent également Sisley à renforcer radicalement sa palette et appliquer la pate avec une audace parfois exceptionnelle, qu'il s'agisse de textures denses et enchevêtrées de la végétation sur le haut des falaises ou des masses quasi expressionnistes, peintes en touches rapides, qui définissent l'affleurement rocheux de Storr's Rock.

Pour saisir la ville, ses rives plantée de peuplier, il adopte une approche quasi cinématographique, choisissant des emplacements qui lui permette de couvrir 360° et d'interpréter son sujet dans une succession de point de vue.

La volonté de Sisley de peindre dans l'instant pour traduire l'immédiateté de son expérience visuelle et émotionnelle face à un motif exige la maitrise d'une technique de notation rapide. Au cours de ces années cruciales, sa touche évolue: ce n'est plus une touche large , soigneusement placée que l'on voit dans les tableaux de 1872 mais une touche de plus en plus fébrile, en forme de virgule, qui permet une description plus essentielle des fluctuations de la lumière, de l'air et des objets en réaction à conditions météorologiques particulières.

"Sisley peint en radieux poèmes à petit délicats de brosse, à menues touches passant du vert au rouge, du bleu au jaune, pures, diaprées, brillantes comme des pépites découvertes au soleil". Gustave Geoffroy

Vers le milieu des années 1860, il utilise une touche large, très chargée, qui définit fermement les objets, comme on le voit dans les arbres en fleur ou dans la table et les banc en bois soigneusement dépeints de printemps, paysanne sous les arbres en fleur. A la fin de la décennie, sa touche s'allège et s'ouvre, elle s'assouplit sur la toile au fur et à mesure que l'artiste tente d'y introduire plus d'atmosphère: la fraicheur du matin ou la qualité limpide de la lumière.

Alfred Sisley fut probablement le plus puriste des impressionnistes. Tout au long de sa carrière, il est resté fidèle à la division des tons, aux effets passagers de la lumière, grave à une réceptivité exceptionnelle aux changements atmosphériques. Il a peint en plein air, consciencieusement par tous les temps, enregistrant ses sites préférés.

Je commence toujours une toile par le ciel.

Sisley peint en radieux poèmes à petits coups délicats de brosse, à menues touches passant du vert au rouge, du bleu au jaune, pures, diaprées, brillantes comme des pépites découvertes au soleil.

On peut penser que Sisley scrutait le ciel le matin depuis sa fenêtre et se demandait où aller, quel matériel prendre, quelle toile choisir : une toile vierge, une commencée juste avant que la pluie ne tombe, une à laquelle il faut apporter les dernières touches.