AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de mary1744


L'auberge du Cavaliere bianco résonnait de rires et de joie ce soir-là, indifférents à la pluie qui persistait au-dehors. La nuit achevait de tomber, mais déjà les trois grands lustres illuminaient largement la salle commune, où deux gaillards avaient sorti, l'un son violon, l'autre son flûtiau, et jouaient à qui chanterait le plus fort. [...]
Soudain un rire strident et sonore domina le brouhaha, mais sans attirer l'attention des autres clients, habitués. Le regard de maître Roberto se tourna vers la table d'où le rire avait fusé. Cette table, idéalement située près de la cheminée, était exclusivement réservée à ses occupants actuels, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit. [...] Maître Roberto afficha un petit sourire en coin.
- Tout se passe-t-il comme vous le souhaitez, Messires ? vint-il demander à ces trois jeunes seigneurs d'à peine vingt ans, par simple plaisir de leur adresser la parole.
- Pour le mieux, maître, assura l'un d'eux, un jeune homme à l'air angélique, affublé d'une tignasse blonde résolument indisciplinée.
- Pour le mieux ! s'exclama le rieur en se levant presque d'indignation. Tu te moques, Benvolio ! Et notre pichet à moitié vide, y songes-tu ?
- Je le vois à moitié plein, moi, Mercutio, sourit le jeune homme, une lueur rieuse dans ses prunelles bleues.
- Il n'y a qu'un moyen de nous mettre d'accord, décréta le second. Maître Roberto, allez sur l'instant nous remplir ce pichet de votre petit vin de Bardolino !
- J'y cours, Messire, s'inclina l'aubergiste en l'emportant.
- Eh bien, Roméo, reprit Mercutio en se laissant aller contre le dossier de sa chaise, te voilà donc de nouveau libre ? J'ai peine à y croire !
- Hélas, soupira l'interpellé, un beau jeune homme aux cheveux noirs et aux yeux sombres. Cela n'aura pas duré bien longtemps.
- Hélas ! Il dit hélas ! Alors que c'est lui qui l'a quittée ! Es-tu fou, ami ?
[...]
- Mais assez de ce sujet ! lança Mercutio gaîment. Voilà Benvolio qui revient, et en fort charmante compagnie, ma foi ! En voilà un qui ne dormira pas seul, cette nuit ! As-tu déjà oublié Flavia ?
- Ne fais pas attention à lui, fit Benvolio à sa compagne dans un sourire. Amis, je vous présente la signorina Selena, qui vient d'arriver en ville pour retrouver sa tante, notre merveilleuse donna Livia. [..] Quelques amis l'ont amenée dans notre auberge en lui vantant le bon vin de maître Roberto.
- Loués soient ses amis ! s'exclama Mercutio. en s'emparant d'une de ses fines mains pour y déposer un baiser. Ils ne pouvaient faire meilleur choix que de nous amener leur charmante compagne ! Grâce à eux, j'aurai eu la joie ce soir de poser les yeux sur la plus magnifique créature que Dieu fit sur terre...
- Paix, Mercutio ! Tu ne t'arrêtes jamais ? fit Benvolio en riant. Selena est ici pour s'amuser, point pour la galanterie.
- Et pourquoi pas ? répliqua son ami. Si l'on s'en tenait toujours à ce qui est prévu, la vie serait d'un monotone ! Dieu sait qu'il y a plusieurs façons de s'amuser, si mademoiselle le souhaite...
- Mademoiselle se passera de tes services pour ce soir, ami ! sourit Benvolio en passant un bras sous celui de son ami pour l'entraîner.
- Ah peste ! Je vois où tu veux en venir ! fit Mercutio en souriant à son tour. Notre bon Roméo dévisage notre amie avec les yeux d'un hibou qui va tomber de son perchoir. Le voilà devenu aussi muet qu'une carpe et aussi rouge qu'une écrevisse ! Soit, alors, je m'incline.
Commenter  J’apprécie          10









{* *}