AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de mary1744


La salle était aussi miteuse qu'ils l'avaient redouté. L'espace, confiné, obscur, était rempli de petites tables bondées de clients, que quelques lanternes éclairaient d'une lumière chiche, sous un brouhaha assourdissant de cris et de rires. La clientèle semblait rassembler tout le bas-peuple de la cité, des canailles à l'air sournois, des maraudeurs en quête d'un endroit tranquille où écouler le fruit de leurs rapines.
Roméo, Mercutio et Benvolio passèrent entre les tables en prenant soin de ne heurter personne, essayant d'ignorer les regards méfiants qui s'accrochaient à leur passage. Les robes, tuniques et capes qu'ils portaient, bien que d'une grande simplicité et défraîchies par le voyage, devaient néanmoins les désigner comme des petits bourgeois, ou au moins des fils de commerçants aisés. A cela s'ajoutait leur jeune âge, qui amena plus d'un sourire ironique sur les trognes barbues. [...]
Roméo se campa devant le barbu, qui le toisa sans ciller.
- Bonsoir, Messire, dit le jeune homme. On nous a dit que vous et vos gars seriez intéressés par un travail que nous proposons.
- Quel genre de travail ? demanda l'autre tout en restant de marbre.
- Le genre peu honorable mais bien payé.
L'homme, qui devait bien avoir la cinquantaine, mais au visage complètement mangé par sa barbe épaisse, sembla réfléchir un instant. Chaque seconde qui passait semait un peu plus l'angoisse dans les cœurs des trois amis. Mais il était trop tard pour faire marche arrière. Maintenant qu'ils étaient engagés, ils devaient aller jusqu'au bout. [...]
- De quoi s'agit-il exactement, et de combien d'hommes avez-vous besoin ? demanda finalement le brigand.
En disant cela, il remua pour la première fois et se pencha vers eux par-dessus la table.
- Nous avons un compte à régler avec le comte Benetolli, annonça Roméo, qui avait pris la direction des opérations.
Les deux autres la lui laissaient volontiers. Mercutio craignait de commettre encore une bévue, et Benvolio ne s'en sentait pas le courage.
- Il passe la nuit dans l'une des auberges de la ville, mais reprendra la route demain matin, continua le jeune homme. Il s'agit de lui tendre une embuscade et de piller tout ce qui peut l'être.
- Votre comte doit voyager avec une escorte ? Combien sont-ils ?
- Une vingtaine de gardes l'accompagnent.
- Peste ! fit le barbu. Ce ne sera pas une mince affaire !
- Certes non, c'est pourquoi nous avons besoin d'hommes résolus.
- Et combien vous proposez-vous de nous payer, pour cela ? demanda le brigand.
- Le comte transporte avec lui nombre de malles qui devraient largement vous dédommager...
A ces mots, l'homme se leva d'un bond de sa chaise, furieux :
- Et vous vous figurez que nous allons nous contenter de ces promesses ? Ma parole ! Vous n'êtes que trois gamins, laissez ce genre d'entreprise aux grandes personnes ! Si vous croyez que moi et mes hommes allons risquer nos vies sur la foi de quelques vagues promesses, vous pouvez retourner dans les jupes de vos mères !
Sur cet éclat, quasiment toute la salle s'était retournée vers leur table. Les trois amis rougirent jusqu'aux oreilles.
- Votre prix sera le nôtre, intervint Mercutio. Cependant, il vous faudra attendre demain matin pour le recevoir, quand nous vous aurons vu de nos yeux vous mettre en route pour l'embuscade.
- Voilà enfin une parole sensée, grogna le barbu en se rasseyant. Mais il me faudra quand même un petit acompte.
- Je crains que non. Jusqu'à demain, vous devrez vous contenter de notre parole. Nous n'avons rien emmené sur nous par précaution, juste de quoi nous payer un verre.
- Voilà de sages paroles, tu as la caboche bien remplie, gamin. Va pour demain matin, dans ce cas. Rendez-vous ici à l'aube.
Commenter  J’apprécie          20









{* *}