A la vue de tant de beautés, le jeune Africain qui n'avait rien vu de semblable, en fut atteint jusqu'au coeur. Il lui sembla qu'on venait de le blesser d'un trait de feu. La liberté s'enfuit de son âme. Il se trouble et, comme s'il appréhendait la guerrière, il ne peut plus qu'en tremblant parler devant elle.
Astolphe était parfaitement beau, magnifique, courtois et galant. Les dames aimaient sa compagnie parce qu'il avait des saillies vives et plaisantes qui le rendaient très agréable dans la conversation. Il entendait bien à railler. Il ne manquait pas de courage ; et s'il paraissait vain dans ses discours, il savait au moins les soutenir par ses actions. Il était prompt à s'offrir au péril et c'était dommage que sa force ne répondît pas à l'estime qu'il en faisait. S'il lui arrivait de tomber de cheval, ce n'était jamais sa faute. Il s'en prenait à son coursier. Il s'en faisait donner un autre, sur le lequel il se remettait volontiers au hasard d'être renversé de nouveau.