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Citation de Charybde2


Entre chaque pavillon il y a des jeux pour les insensés, rire joyeux, balançoires et niches, au cas où une petite fatigue viendrait à advenir chez un patient. Et puis, au beau milieu de tout cela, de grands et nobles arbres tropicaux, acajous et amarantes, d’où dégueulent des insectes ailés et de nombreuses lianes humides que beaucoup de fous s’amusent à attraper pour tenter l’heureuse ascension simiesque. Rire joyeux. La Folle n’y a jamais mis les pieds. Elle n’aime pas le rire des singes.
La Folle voit la Ville, petites tours et immeubles résidentiels de taille moyenne, belles maçonneries et architectures d’époque, des fenêtres à travers lesquelles des vies de famille s’écoulent drôlement, passant au rythme des entrées et venues dans les appartements, des jours et des nuits. Elle les observe.
Cela fait longtemps qu’elle est là, elle, à regarder ces fenêtres impudiques et théâtrales faire représentation de belles scènes de famille, avec leurs inhérentes joies et mélancolies, toutes placées entre les quatre murs d’une vie qui vieillit. Anamorphoses. Dix ans déjà, dix ans que la Folle voit depuis sa fenêtre à barreaux quelques vies bourgeoises s’enrider, s’accoupler et se multiplier comme rats, se battre à coups de vaisselle parfois ou se haïr à s’en faire rougir les jugulaires. À en mourir aussi, suicide ou meurtre au nom de l’évangile de la liberté vraie, c’est-à-dire par dévotion. Mourir ou se mentir sur l’autel de cette même foi. Les sacrifices se font toujours par deux.
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