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4.17/5 (sur 12 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1986
Biographie :

Mathieu Gabard est né en 1986. Il fait partie des jeunes poètes Génération Poésie debout (Temps des cerises, 2019). Il est aussi danseur dans la compagnie Puls'art.Il sort, en 2002, un album de chanson française avec le groupe Joglaré, suit une formation littéraire en Hypokhâgne et Khâgne au lycée de Sèvres, une formation de théâtre contemporain à la Compagnie du Pas Sage de Saint- Cloud puis une formation musicale à l’école des musiques actuelles ATLA de Paris. Il collabore ensuite avec Armand Gatti et Hélène Châtelain lors d’expériences théâtrales et poétiques à La Parole Errante de Montreuil, à Strasbourg ainsi qu’à l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard. En 2010, il sort un album solo éponyme en tant qu’auteur-compositeur-interprète

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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Dror

Mon prénom Dror veut dire libre en hébreu
mon nom c'est Liberman
je suis deux fois libre

j'ai fui les territoires occupés
la colonie juive où je suis né
l’extrémisme religieux de l'hyper-orthodoxie juive
je suis l'aîné d'une fratrie de douze
je ne pouvais pas parler à ma mère
c'était la queue dans les escaliers pour accéder à elle
et mon père, lui, criait trop fort

je suis parti

j'ai quitté les territoires occupés
j'ai quitté ma religion
j'ai quitté ma maison
j'ai quitté ma famille
maintenant
je danse

je cherche à me libérer
encore
encore
encore

d'abord
j'ai atterri à Jérusalem
j'ai fait plein de métiers

serveur
danseur
balayeur
gym traineur
puis j'ai travaillé à la banque
j'ai gagné beaucoup d'argent
c'était une banque de sperme
ils payaient bien tu m'étonnes
pour multiplier les mioches
ils sont preneurs

je viens de la jeunesse des collines
celle qui fait tomber les oliviers
empoisonne les puits
fait exploser le Mont du Temple

de loin
je la contemple
de loin elle me terrasse
de loin

je l'ai fuie

je danse

maintenant
je danse

contre les murs je me jette fort
contre les murs
je hurle
de toutes mes forces contre les murs
les murs ne tombent pas mon corps est dur
je crie
je tape contre
je danse
je me fais mal
les murs
je tape contre
je résiste
je me jette
je danse
de l'autre côté du mur
de l'autre côté de l'autre autre côté du mur
de l'autre côté de l'autre autre autre côté de l'autre
autre autre autre côté du mur


Des escaliers d'enfants
pour gagner la bataille
de la natalité

conserver les territoires occupés
qu'ils habitent
illégalement
à la chaîne
religieuse
ils font l'amour
infiniment

cordon ombilical maillé de prières
cordon maintenu
cordon qui ne se coupe pas
de naissance machinales
en amours idéologiques
de passions numéraires
en calculs charnels

la bataille de la terre passe
par le ventre des mères


Sonnés
lents
le jour est silencieux
un calme épais
à l'innocence perdue
rôde
dans les rues vides

p.132
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Rotem

Selon les dires de ses proches, Rotem est le meilleur surfer d'Israël.
Parce que c'est le seul, ajoute, narquois, l'un d'entre eux.

Lui et sa famille ont grandi près de la bande de Gaza, ils entendaient les sirènes tous les jours et devaient rentrer sous les abris trois à quatre fois par jour. Il est d'origine marocaine, peau tannée, cheveux longs et lisses, casquette de skater, grand romantique au regard perdu, éruptif, chargé de piquants et de rage mal contenue, prêt à bondir à chaque mot, un écorché vif aux racines de feu.

Tu n'arrêtes pas un terroriste, tu le tues.

Je veux la paix et qu'on arrive à tous vivre ensemble dans ce pays, d'ailleurs on arrive à vivre en liberté avec tout le monde.

Pourquoi as-tu fait l'armée ?

Parce que les terroristes lancent des bombes sur nous. Je le fais pour ma famille et mes amis, pour la paix.
Je ne pense pas que les Arabes veulent la paix, regarde : ou ils ont un dictateur ou ils ont la guerre.
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Un village israélien et enclos, l'association "Les femmes font la paix" y réunit Palestiniennes d'Israël (Note en bas de la page : Palestiniennes restées en Israël en 1948, qui ont donc une nationalité israélienne) et Israéliennes pour coudre ensemble, un jour par semaine, des messages et des dessins de paix sur des carrés de tissu blanc. Deux mois plus tard, à l'occasion d'une fête traditionnelle juive (Soukkot), elles les disposeront autour d'une petite cabane en bois à ciel ouvert qu'elles installeront devant le parlement de la Knesset à Jérusalem.

Nira
C'est un petit truc mais c'est beaucoup, c'est tout ce que je peux faire, le politique n'est pas de mon ressort.

Meital (mère de Nira)
Moi, c'est aux gens que je crois, pas aux politiciens.

Palestiniennes d'Israël et Israéliennes tissent ensemble des messages de paix, pas sur le même tissu mais dans le même lieu, pas à la même table mais dans la même pièce, pas dans la même langue mais dans la même intention.

Traverse
les plaies et les brûlures

ranime
brode
le souffle
en commun

sursaute-toi passerelle
pars
livre
sois prêt
parle

Sors de toi de ta ville de ton pays de ta religion de tes pensées de ton corps de tes a priori de tes vacances envies de tes croyances de tes habitudes de tes idées noires
de tes idées claires

à la lune
saute
souffle
entre chair et terre

relie les gouffres


Quatre dessins tissés
Traduits en poèmes

Nos larmes sont traversées d'un cri
qui s'épanche parmi les barbelés

sur la terre ramifiée des morts
des justices forent nos colères pour en extraire la moelle
nous la cracher dessus
nous brûler
nous éloigner

malgré nos demandes répétées
nous n'avons pas le droit de guérir nos blessures
le ciel troué tombe régulièrement dans nos bras
nous le rattrapons comme nous pouvons

nous disons
cessez de brûler les fleurs d'oliviers

nous voulons manger les miracles à même l'arbre

nous en prendrons des graines
pour les replanter

ils donneront des libertés que nous croquerons à pleines dents

ça dégoulinera sur nos poitrines

nous gagnerons le droit à la pleine mer

il sera lieu de joie
il sera temps de calme
il sera bon de retourner à la simplicité

Il pleut des morts
les souvenirs nous traversent
comme des oiseaux noyés

Des bouches blanches parlent dans le ciel couleur sang

Le soleil déchire les cris coagulés
les mots ouvrent la voie

Les rancœurs ravinent nos bouches

un chant passe
qui apaise et caresse

le poison n'a pas encore atteint nos cœurs
mais il est sous nos pieds
et nous brûle les plantes

il n'aura rien

mon pays vit dans la profondeur de mon corps
et l'énergie grandit où que je sois même mort

il n'aura rien
celui qui veut le tuer

il n'aura rien que la colère des roses et le malheur des chiens

j'entretiens mon jardin glacé dans mes souvenirs
un jour je le sortirai de son boyau de neige

il se dépliera
encore plus beau qu'hier

p.63 à 66
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Syllabe au corps, épaule contre épaule, ne rien lâcher, jusqu'au bout presser, prendre possession du mot, dans les vingt mètres intercepter la parole naissante, écrire fort une longue intuition transversale, se mettre en état de vision totale, faire une phrase aveugle dans le dos, en bout de course, pourquoi devoir tant courir, tant lutter pour dire ? Suer, aimer la sueur, un mot mal ajusté, perdre son idée, courir après, baisser les bras, ne plus se comprendre, avoir la rage, tacler sauvagement, corriger, retenir, écrire sans protège-tibias, se prendre dans les bras, pour mieux senti le cuir de la parole, se jeter ventre nu sur la page, écrire sous la pluie, rater, dévisser, viser hors but, quitter la surface, perdre le sens, au plus loin percevoir.

p.40
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102


je veux pas passer un jour de plus dans ce centre,
 je préfère qu’on me renvoie en Suède ou en Irak.
Vous devez fermer ce lieu.
Si vous arrivez à faire que ce lieu ferme, vous com-
 mencez à fermer chaque lieu comme celui-ci.
On peut rien faire ici, c’est pire que la prison,
pas de sport,
on est comme des animaux,
vous devez aider les gens à l’intérieur.
Ici, c’est comme être en Irak, en Syrie ou dans un
 pays du Moyen-Orient,
c’est pas la France,
c’est pas l’humanité !
Vous devez alerter les médias sur ce qu’il se passe !
Ici c’est fermé, c’est secret, appelez les médias s’il vous plaît.
Ça va pas !
J’espère que vous allez fermer ce lieu
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Yaron

Brun, torse nu, taciturne, pianiste. Joue dans plusieurs groupes de musique dont un mêlant le jazz aux musiques traditionnelles éthiopiennes.

Rester des heures debout en uniforme et mitraillette à la main, tous les jours, c'est épuisant.

Je n'ai aucune haine contre les Palestiniens, je suis juste énervé par leur endoctrinement dès l'enfance, toute cette propagande contre nous.

Je fais de la musique pour être autre chose, la musique, c'est quelque-chose au-dessus des hommes, meilleur que les hommes.

Les hommes, c'est rien, c'est d'la merde.

p.9
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En entrant à Klil, on sort du mépris à l'égard du paysage, il n'est plus un objet, il devient sujet à part entière, considéré comme un corps vivant, c'est même qu'il nous l'impose, en un instant il fait corps avec nous, il vient se mêler à notre peau, entre par les pores, caresse nos organes, chemine en nous autant que nous cheminons en lui, chacun s'éclaire dans le passage de l'autre.
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...une baraque à bavure, un repaire de chasse, un pigeonnier, un mouetellère, une cave aux oubliettes, un élevage de barbelés.
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Déprime, insolation. Le monde s'obscurcit, la tristesse me gagne sur les collines de pins bordant la mer, oh non, pas eux, mes délires sur le football, ça va vraiment pas bien, quand le football revient, je sais que je suis loin, très loin dans le mal.

[...]
Suer, aimer la sueur, un mot mal ajusté, perdre son idée, courir après, baisser les bras, ne plus se comprendre, avoir la rage, racler sauvagement, corriger, retenir, écrire sans protège-tibias, se prendre dans les bras, pour mieux sentir le cuir de la parole, se jeter ventre nu sur la page, écrire sous la pluie, rater, dévisser, viser hors du but, quitter la surface, perdre le sens, au plus loin percevoir.
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Il pleut des morts
les souvenirs nous traversent
comme des oiseaux noyés
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