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EAN : 9782490580064
139 pages
Editions le Chant des Voyelles (01/02/2021)
5/5   3 notes
Résumé :
Jeune poète et danseur, Mathieu Gabard s'est rendu en Israël et en Palestine pour tenter de comprendre cet écheveau de contradictions, de beauté et de douleurs. Il multiplie des échanges fructueux avec des jeunes Israéliens et de jeunes Palestiniens. Ces échanges, toujours sincères, sont entrecoupés de poèmes qui sont comme des respirations de l'auteur devant la splendeur des lieux avec toujours l'envie d'aimer, de rire, de danser, de partager et de constater chaque... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Passiflore, son nom palestinien est « zahrat el alam » : la fleur du monde.
Ça sonne comme une fleur de paix mais d'autres hommes la définissent aussi comme la fleur de la passion, du martyre, du supplice, de la douleur.
On prend quelque chose de léger, d'innocent et on le transforme en épines pour une couronne.

Mathieu Gabard est un jeune poète et danseur. Il recueille dans ce livre la parole d'hommes et de femmes. Des filaments et des épines. Elle est brutale mais limpide, coupante mais vibrante. D'un côté ou de l'autre du mur on construit la haine pourtant on voudrait vivre en paix.

Mathieu Gabard y mêle ses respirations poétiques, il faut les saisir au vol. Des mots simples et précieux, des images, des dessins, des ombres, des cris, des rires, du sang, des pierres, le bleu du ciel, les oliviers, les bombes... Une danse de mots. Parfois les mots se jettent sur le mur, voudraient le démolir, voir au-dessus. Ils voudraient semer « quelque chose d'une paix », des filaments peut-être, des fleurs du monde.

Je remercie Babelio et les Éditions le chant des voyelles pour cette belle rencontre avec les mots de ce poète qui fait partie de la « Génération Poésie debout ». C'est un recueil où la guerre parle d'espoir, et l'espoir de la guerre. Quand viendra la paix ?


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Livre reçu dans le cadre de la masse-critique Littérature de janvier 2021.
Un grand merci à Babelio et aux éditions le chant des voyelles pour cette découverte.

Livre inclassable, entre récit de voyage, traduction des témoignages d'Israéliens et de Palestiniens rencontrés, et recueil poétique.

Mathieu Gabard, danseur et poète de la Génération Poésie debout, est parti avec son amie Daphné en voyage en Israël et en Palestine pour découvrir ces terres abîmées par un conflit meurtrier, et recueillir les témoignages des habitants, ces civils qui subissent la situation au quotidien.
Certains aspirent à la paix pour vivre et non plus survivre.
D'autres rêvent de faire découvrir les talents de chacun à l'étranger en faisant abstraction de la guerre. D'autres racontent sans tabou leur expérience teintée d'interdits, de désespoir et de deuil.

Le binôme va découvrir différentes villes : Tel-Aviv, Jérusalem et son Mur occidental, Mikhmoret, Haïfa, Acre, Klil, Tziv'on, Sde Nehemia, Ani'Am, Givat Ela, Nazareth, Tzippori, le check-point de Jalamah, Ramallah, Tent of Nations, Bethléem.
En colocation, en auberge de jeunesse ou chez l'habitant, en car, en covoiturage ou en auto-stop, ils vont vivre des moments forts, des rencontres émouvantes, drôles, et parfois effrayantes.
Les différents échanges évoquent la politique, la propagande, l'armée, la corruption, le stress, la pollution, la sexualité, la drogue, la société de consommation ; mais aussi la musique, la danse, la nature, l'aspiration à la paix et à la liberté.

La passiflore, la fleur du monde, la fleur de la passion, va-t-elle être le symbole de la transition entre le martyr qu'elle évoque par la Passion du Christ, et la paciflore, fleur de la paix imaginée par Mathieu Gabard ?

Ce livre est un récit poétiquement poignant qui donne la voix aux civils Palestiniens et Israéliens sans prendre parti, avec des touches de poésie et d'humour disséminées avec un dosage parfait, sans fausse note ni faux-pas de danse.
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Repéré dans la liste de la masse critique de Janvier ! Reçu assez vite, lu, avalé, savouré, relu avant fin janvier. Je ne 'étais pas trompée, c'est une merveille.
Il faut dire que la présentation était alléchante pour quelqu'un qui rêve de retourner en Israël pour vérifier !! compléter ou contredire tout ce que j'en ai lu depuis 1987.. la première intifada.
Ce mélange » , mix entre récit de voyage et poésie personnelle d'un danseur et de sa compagne, partis sacs au dos, visant le couch surfing, donc loger chez l'habitant, israélien ou palestinien, se nourrir comme eux, vivre de même, parler, discuter si possible de leur vie.
Voyage poetico-politique s'il en est, réussi par le talent d'équilibriste de l'auteur.
J'avais commencé à mettre des petites marques pour repérer les citations, j'ai arrêté, le paquet allait y passer !
La découverte des paysages y est parfaite, on reconnaît les lieux, on y avance comme des touristes que nous sommes au coté de Mathieu Gabard. Nous partageons les discussions avec ces deux populations en guerre depuis la nuit des temps, mais dont les individus veulent la paix, pour eux, pour leurs enfants, tout en se faisant la guerre, en critiquant leurs politiciens qui ne cherchent qu'à tirer des bénéfices de cet état.
Et l'auteur ajoute ses pointes, légères mais acérées, ses jeux de mots vifs et mordants, ses allers et retours, ses questionnements et les réponses de ses interlocuteurs : de la poésie au quotidien, bouleversante et percutante, violent parfois, comme le monde qui nous entoure et où pousse «  la fleur du monde » .
Cueillez cette fleur, cette paciflor, écrivez la avec un c ou avec ss, qu'elle soit fleur de paix ou fleur de la passion, laissez la s'infiltrer en vous, infuser dans votre esprit, puis, reprenez en une tasse !
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Dror

Mon prénom Dror veut dire libre en hébreu
mon nom c'est Liberman
je suis deux fois libre

j'ai fui les territoires occupés
la colonie juive où je suis né
l’extrémisme religieux de l'hyper-orthodoxie juive
je suis l'aîné d'une fratrie de douze
je ne pouvais pas parler à ma mère
c'était la queue dans les escaliers pour accéder à elle
et mon père, lui, criait trop fort

je suis parti

j'ai quitté les territoires occupés
j'ai quitté ma religion
j'ai quitté ma maison
j'ai quitté ma famille
maintenant
je danse

je cherche à me libérer
encore
encore
encore

d'abord
j'ai atterri à Jérusalem
j'ai fait plein de métiers

serveur
danseur
balayeur
gym traineur
puis j'ai travaillé à la banque
j'ai gagné beaucoup d'argent
c'était une banque de sperme
ils payaient bien tu m'étonnes
pour multiplier les mioches
ils sont preneurs

je viens de la jeunesse des collines
celle qui fait tomber les oliviers
empoisonne les puits
fait exploser le Mont du Temple

de loin
je la contemple
de loin elle me terrasse
de loin

je l'ai fuie

je danse

maintenant
je danse

contre les murs je me jette fort
contre les murs
je hurle
de toutes mes forces contre les murs
les murs ne tombent pas mon corps est dur
je crie
je tape contre
je danse
je me fais mal
les murs
je tape contre
je résiste
je me jette
je danse
de l'autre côté du mur
de l'autre côté de l'autre autre côté du mur
de l'autre côté de l'autre autre autre côté de l'autre
autre autre autre côté du mur


Des escaliers d'enfants
pour gagner la bataille
de la natalité

conserver les territoires occupés
qu'ils habitent
illégalement
à la chaîne
religieuse
ils font l'amour
infiniment

cordon ombilical maillé de prières
cordon maintenu
cordon qui ne se coupe pas
de naissance machinales
en amours idéologiques
de passions numéraires
en calculs charnels

la bataille de la terre passe
par le ventre des mères


Sonnés
lents
le jour est silencieux
un calme épais
à l'innocence perdue
rôde
dans les rues vides

p.132
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Un village israélien et enclos, l'association "Les femmes font la paix" y réunit Palestiniennes d'Israël (Note en bas de la page : Palestiniennes restées en Israël en 1948, qui ont donc une nationalité israélienne) et Israéliennes pour coudre ensemble, un jour par semaine, des messages et des dessins de paix sur des carrés de tissu blanc. Deux mois plus tard, à l'occasion d'une fête traditionnelle juive (Soukkot), elles les disposeront autour d'une petite cabane en bois à ciel ouvert qu'elles installeront devant le parlement de la Knesset à Jérusalem.

Nira
C'est un petit truc mais c'est beaucoup, c'est tout ce que je peux faire, le politique n'est pas de mon ressort.

Meital (mère de Nira)
Moi, c'est aux gens que je crois, pas aux politiciens.

Palestiniennes d'Israël et Israéliennes tissent ensemble des messages de paix, pas sur le même tissu mais dans le même lieu, pas à la même table mais dans la même pièce, pas dans la même langue mais dans la même intention.

Traverse
les plaies et les brûlures

ranime
brode
le souffle
en commun

sursaute-toi passerelle
pars
livre
sois prêt
parle

Sors de toi de ta ville de ton pays de ta religion de tes pensées de ton corps de tes a priori de tes vacances envies de tes croyances de tes habitudes de tes idées noires
de tes idées claires

à la lune
saute
souffle
entre chair et terre

relie les gouffres


Quatre dessins tissés
Traduits en poèmes

Nos larmes sont traversées d'un cri
qui s'épanche parmi les barbelés

sur la terre ramifiée des morts
des justices forent nos colères pour en extraire la moelle
nous la cracher dessus
nous brûler
nous éloigner

malgré nos demandes répétées
nous n'avons pas le droit de guérir nos blessures
le ciel troué tombe régulièrement dans nos bras
nous le rattrapons comme nous pouvons

nous disons
cessez de brûler les fleurs d'oliviers

nous voulons manger les miracles à même l'arbre

nous en prendrons des graines
pour les replanter

ils donneront des libertés que nous croquerons à pleines dents

ça dégoulinera sur nos poitrines

nous gagnerons le droit à la pleine mer

il sera lieu de joie
il sera temps de calme
il sera bon de retourner à la simplicité

Il pleut des morts
les souvenirs nous traversent
comme des oiseaux noyés

Des bouches blanches parlent dans le ciel couleur sang

Le soleil déchire les cris coagulés
les mots ouvrent la voie

Les rancœurs ravinent nos bouches

un chant passe
qui apaise et caresse

le poison n'a pas encore atteint nos cœurs
mais il est sous nos pieds
et nous brûle les plantes

il n'aura rien

mon pays vit dans la profondeur de mon corps
et l'énergie grandit où que je sois même mort

il n'aura rien
celui qui veut le tuer

il n'aura rien que la colère des roses et le malheur des chiens

j'entretiens mon jardin glacé dans mes souvenirs
un jour je le sortirai de son boyau de neige

il se dépliera
encore plus beau qu'hier

p.63 à 66
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Rotem

Selon les dires de ses proches, Rotem est le meilleur surfer d'Israël.
Parce que c'est le seul, ajoute, narquois, l'un d'entre eux.

Lui et sa famille ont grandi près de la bande de Gaza, ils entendaient les sirènes tous les jours et devaient rentrer sous les abris trois à quatre fois par jour. Il est d'origine marocaine, peau tannée, cheveux longs et lisses, casquette de skater, grand romantique au regard perdu, éruptif, chargé de piquants et de rage mal contenue, prêt à bondir à chaque mot, un écorché vif aux racines de feu.

Tu n'arrêtes pas un terroriste, tu le tues.

Je veux la paix et qu'on arrive à tous vivre ensemble dans ce pays, d'ailleurs on arrive à vivre en liberté avec tout le monde.

Pourquoi as-tu fait l'armée ?

Parce que les terroristes lancent des bombes sur nous. Je le fais pour ma famille et mes amis, pour la paix.
Je ne pense pas que les Arabes veulent la paix, regarde : ou ils ont un dictateur ou ils ont la guerre.
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Syllabe au corps, épaule contre épaule, ne rien lâcher, jusqu'au bout presser, prendre possession du mot, dans les vingt mètres intercepter la parole naissante, écrire fort une longue intuition transversale, se mettre en état de vision totale, faire une phrase aveugle dans le dos, en bout de course, pourquoi devoir tant courir, tant lutter pour dire ? Suer, aimer la sueur, un mot mal ajusté, perdre son idée, courir après, baisser les bras, ne plus se comprendre, avoir la rage, tacler sauvagement, corriger, retenir, écrire sans protège-tibias, se prendre dans les bras, pour mieux senti le cuir de la parole, se jeter ventre nu sur la page, écrire sous la pluie, rater, dévisser, viser hors but, quitter la surface, perdre le sens, au plus loin percevoir.

p.40
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Yaron

Brun, torse nu, taciturne, pianiste. Joue dans plusieurs groupes de musique dont un mêlant le jazz aux musiques traditionnelles éthiopiennes.

Rester des heures debout en uniforme et mitraillette à la main, tous les jours, c'est épuisant.

Je n'ai aucune haine contre les Palestiniens, je suis juste énervé par leur endoctrinement dès l'enfance, toute cette propagande contre nous.

Je fais de la musique pour être autre chose, la musique, c'est quelque-chose au-dessus des hommes, meilleur que les hommes.

Les hommes, c'est rien, c'est d'la merde.

p.9
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