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Critiques de Mathilde Annaud (1)
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Aborigenes, la loi du sexe

N'ayant jamais visité ce continent à l'autre bout du monde, c'est la lecture de l'excellent ouvrage "Port Jackson" d'Agnès Clancier et chroniquée ici, le 22 novembre dernier, qui m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur les Aborigènes. Hormis un livre sur l'art de ce peuple et une histoire sombre d'un rapt d'un enfant blanc par un indigène d'Australie, dont j'ai malencontreusement oublié titre et auteur, les Aborigènes constituent pour moi une espèce de "terra incognita".



L'ouvrage de l'ethnologue française, Mathilde Annaud, "Aborigènes : La loi du sexe", paru en 2000 dans l'intéressante collection "Sexualité Humaine", dirigée par Charlyne Vasseur-Fauconnet, présente une approche interdisciplinaire de ce phénomène : philosophique, psychologique, pédagogique et bien sûr sociologique et anthropologique. L'ouvrage, publié par l'éditeur de qualité L'Harmattan, compte tout juste 150 pages.



Mathilde Annaud est docteure en anthropologie de l'université de Paris (V-René Descartes) et africaniste de formation. Elle a été aussi journaliste à Toulouse et habite, depuis une dizaine d'années, à La Bastide-de-Besplas, en Ariège, où elle tient une boutique au nom poétique de "L'Art du détail".

Elle est la fille du grand réalisateur, Jean-Jacques Annaud, célèbre pour entre autres "La Guerre du feu" de 1981 et "L'Ours" de 1988, deux monuments cinématographiques.



Comme dans tout livre sociologique et anthropologique qui se respecte, l'auteure commence avec une brève explication des termes employés et un bref aperçu historique et géographique indispensables, mais nullement ennuyeux. Il en va de même des nombreuses notes en bas de page, qui guident le lecteur sans pour autant l'enquiquiner ou l'assommer.



Comme les indiens en Amérique du Nord, les indigènes en Australie ont été "systématiquement chassés de leurs territoires...au profit des élevages..." des colons. Beaucoup furent tués et confinés dans des réserves, aussi bien que les Aborigènes ne représentent plus qu'un pauvre 1,5 % de la population. Il a fallu attendre 1967 "pour qu'une reconnaissance aussi officielle que théorique accorde la 'citoyenneté aborigène' aux autochtones." et 1993, une loi qui met fin "à plus de 2 siècles de 'Terra Nullius'..."



Pour rassurer mes amies sur Babelio, je commence la thématique même du livre par indiquer que chez les Aborigènes, la femme n'est jamais considérée comme "femme-objet". Au contraire, son rôle dans cette société primitive est crucial et respecté, quand bien même si certaines habitudes nous paraissent plutôt bizarres. La femme comme "don" par exemple, dans le sens d'une obligation tripartite (offrir, recevoir, rendre) et comme Marcel Mauss l'avait déjà noté dans son "Essai sur le don" de 1923-1924 et que j'ai chroniqué début novembre dernier.



Dans l'ensemble, les Aborigènes "vivent la sexualité comme un phénomène naturel de l'existence, fait de désir, de plaisir et de répulsions". Même la jalousie n'y est pas inconnue. Des relations extramaritales sont "la cause principale des querelles et des conflits". L'inceste est prohibé, tout comme des pratiques sexuelles déviantes, telles la sodomie et la zoophilie. L'homosexualité "serait un phénomène marginal, condamnable et plus rare encore chez les femmes que chez les hommes". Les Aborigènes n'aiment pas les démonstrations sexuelles publiques.



Donc, si sur de nombreux plans il y a correspondance avec la plupart des populations, c'est surtout lors des rites d'initiation que les différences sont notoires et apparaissent pour nous barbares : défloration féminine et possessions collectives, extraction des incisives, introcision rituelle etc. Mais il convient de remarquer qu'il y ait de grandes différences entre les différentes ethnies aborigènes et qu'il y ait une évolution dans le temps, dans ce sens que certaines coutumes (barbares) sont en voie de disparition où ont déjà été arrêtées depuis des années. Étonnant pour nous est sûrement que les "parents encouragent leurs enfants à avoir leurs premières relations sexuelles vers l'âge de 9 ans pour les filles et vers 13-14 ans pour les garçons".



Il serait futile de vouloir couvrir ici tout le contenu de cet ouvrage qui, bien que relativement court, est particulièrement dense. Mathilde Annaud abordé et explique de nombreux aspects, tels la vie conjugale, le ménage à 3, le caractère sexuel du culte et de l'hospitalité, trophées de guerre, ambassadrices de charme, le viol comme sanction etc...



"Aborigènes : La loi du sexe" est un ouvrage que je peux recommander à tous les amateurs de dépaysement (en l'occurrence vers des horizons très lointains) et à toutes celles et ceux intéressés par les us et coutumes, somme toute, considérablement différents des nôtres.



À la page 5 de l'ouvrage figure une citation, presque aussi étrange pour nous que les Aborigènes, et que je ne puis m'empêcher de vous communiquer : "Merci aux épouvantables épouvantails de toutes peaux et tous poils."
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