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Citation de Cielvariable


Cette nuit là, j’ai rêvé que ça durerait toujours. Que cette chaleur serait toujours dans mon corps, que sa main dans mes cheveux s’y était réfugiée à jamais. Rare rêve, le lendemain matin j’étais amoureux. Elle aussi, mais vous savez, les rêves, ce ne sont que des rêves. Les toujours, les jamais, l’éternité, c’est du brouillard de rêve, c’est du flou de sommeil.

Nous avons donc vécu l’amour décroissant. En six jours. Le haut, le milieu, et le bas, en six jours. Deux jours de chaque.

Le haut, vendredi et samedi. Le bonheur intense d’aimer et d’être aimé, de découvrir, d’être émerveillé. Vendredi après l’école, elle est venue chez moi. Ballerine sexuelle, sensuelle surtout. Et on a jasé. Devant la télé, sans arrêt, à tout dire ce qu’on n’avait pas à dire, à parler de rien et de nous. Baiser et parler, la vie peut être belle, je vous jure. On était complices, j’étais heureux, elle a un rire magnifique, des mains douces comme le feu.

Le milieu, dimanche et lundi. Le milieu, c’est le bonheur, mais plus tranquille. Les sourires qui volent la place des rires, l’extase qui glisse un peu, c’est la place du plaisir. Le programme est resté le même. Conversations et baise, mon salon comme abri, l’arrogance de la télé en background. Lundi, quand elle est revenue de l’école, j’étais content de la voir. Et elle m’a embrassé, m’a dit que j’étais beau, il restait bien un peu d’amour, elle était encore un peu aveugle.

Le bas, mardi et hier. Mardi soir quand elle a sonné à la porte, ça a sonné bizarre. Un peu faux, un peu terne, je ne sais pas. Quand j’ai ouvert, elle m’a embrassé mais n’a rien dit. On s’est assis devant les nouvelles de 18 h, et on n’a pas parlé beaucoup. Une petite Molson Ex, promenade d’Edwin, on s’est commandé du St-Hubert, c’était bon. Elle m’a traîné dans ma chambre, on s’est déshabillés, on a fait l’amour. C’était bien, mais il manquait cette respiration incontrôlable. Et après, pour la première fois, elle est retournée dormir chez elle, avec l’excuse que ses parents commençaient à se douter de quelque chose.

Hier, elle m’a appelé pendant Piment Fort. Elle était supposée venir directement chez moi, elle m’a appelé à la place.

— Écoute, Matthieu, je pense pas que ça va marcher, nous deux. T’es ben fin, tu baises bien, j’adore ça parler avec toi. Mais t’es trop vedge. Tu veux rien faire, tu veux pas sortir sauf pour ton chien. Ta vie idéale, c’est devant la télé tous les soirs. Moi, faut que je bouge, faut que je fasse des affaires, je veux pas m’écraser dans le sofa tous les soirs. Tu comprends ?

Qu’est-ce que vous voulez répondre à ça ? Elle avait raison. Ma vie idéale, c’est devant la télé. Tous les soirs. Et elle, sa vie idéale, c’est dehors, avec des activités, du plein air, de l’air tout court.

Et je n’avais vraiment pas envie de me battre.

— OK ma belle, je comprends. Tu m’appelleras…

• • •

Je vous raconte ça, vous savez, ça n’a pas vraiment d’importance. C’est ma petite histoire à moi, ma petite histoire sans conséquence. Je vous raconte ça, vous savez, ça ne veut pas dire grand chose.

Moi, je suis le gars. Elle, c’est la fille. C’est tout.
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