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Citation de ZahraAroussi


Je n'avais pas d’ennemis. Je n’étais gêné par personne. Quelquefois dans ma tête se créait une vaste solitude où le monde disparaissait tout entier, mais il sortait de là intact, sans une égratignure, rien n’y manquait. Je faillis perdre la vue, quelqu’un ayant écrasé du verre sur mes yeux. Ce coup m’ébranla, je le reconnais. J'eus l’impression de rentrer dans le mur, de divaguer dans un buisson de silex. Le pire, c’était la brusque, l'affreuse cruauté du jour ; je ne pouvais ni regarder ni ne pas regarder; Voir c’était l’épouvante, et cesser de voir me déchirait du front à la gorge. En outre, j’entendais des cris d’hyène qui me mettaient sous la menace d’une bête sauvage (ces cris, je crois,
étaient les miens).
Le verre ôté, on glissa sous les paupières une pellicule et sur les paupières des murailles d’ouate. Je ne devais pas parler, car la parole tirait sur les clous du pansement. «Vous dormiez», me dit le médecin plus tard. Je dormais! J’avais à tenir tête a la lumière de sept jours : un bel embrasement! Oui, sept jours ensemble, les sept clartés capitales devenues la Vivacité d’un seul instant me demandaient des comptes. Qui aurait imagine cela? Parfois, je me disais : « C’est la mort; malgré tout, cela en vaut la peine, c’est impressionnant. » Mais souvent je mourais sans rien dire. A la longue, je fus convaincu que je voyais face à face la folie du jour; telle était la vérité : la lumière devenait folle, la clarté avait perdu tout bon sens; elle m’assaillait déraisonnablement, sans règle, sans but. Cette découverte fut un coup de dent à travers ma vie.
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