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Citations de Maurice Chaudière (2)


Maurice Chaudière
JT - Cette forêt, vous l’avez transformée en verger ?

MC – Oui..., Mais c’est plutôt une garrigue !... Ce qui m'intéresse en toute chose, c'est le rapport qui s'est instauré au cours des âges entre Nature et Culture... La Nature qui m'intéresse n'a pas connu les avatars d'un “développement durable” ! J'essaie personnellement, d'y toucher le moins possible. Si je greffe des arbres, c'est dans leur propre milieu... je respecte en tous cas leurs racines ! et je n'irai pas, en pleine garrigue, en planter d'autres !

Au Maroc , j’ai eu à connaître un “projet de développement” assez curieux : il s'agissait de produire des légumes frais, des salades. des tomates, des poivrons, et c, dans un milieu qui, visiblement, n'en voulait pas... rocailleux, escarpé et sans eau... Finalement tout a crevé. J’ai donc fait remarquer aux intéressés qu’autour du jardin il y avait des plantes, beaucoup de plantes, comestibles parfois, et qu'il aurait été peut-être plus sage de s'intéresser d'abord, dans un tel milieu, à ce qui voulait bien y pousser spontanément.

En fait, il y avait autour de ce jardin, parmi les végétations “sauvages,”diverses espèces particulièrement vigoureuses ... par exemple un Lyciet, en buissons épineux , de deux à trois mètres de haut. Personne n'en voulait , pas même les ânes ! Cela pousse là-bas au bord des routes, jamais dans un jardin : trop envahissants ce Lyciet !

Or, là-dessus, j’ai greffé un Lyciet de Chine, celui qu’on appelle je crois le Goji, et dont on achète actuellement les petits fruits dans les boutiques diététiques... mais assez cher ! Donc, par le simple effet de la greffe et sans aucun autre soin, on pouvait valoriser ces friches d’une façon simple et efficace. Si on greffait en place tous les Lyciets rencontrés là-bas, eh bien, les villageois pourraient en tirer un profit substantiel !... Une manière, en somme, de “Développement” sans “Investissement” !

crédits : site internet liberterre - interview de Maurice Chaudière par Jean Tonelli
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L'article intitulé "Créons des forêts fruitières", s'il n'a pas suscité la levée en masse d'une armée de greffeurs, a du moins abouti à quelques réalisations : outre l'expérience menée au CIEPAD (Centre International d'Echanges et de Pratiques Appliquées au Développement) dans l'Hérault, d'autres projets ont pris forme : dans le Lot avec la participation de "Chant de la Terre" ; en Ardèche au Vieil Audon ; en Espagne près de Malaga, avec "los Arenalejos" et jusqu'en Tunisie, à Chenini-Gabès, où le greffage de légumes sur Solanacées sauvages permet d'envisager d'autres manières de jardiner en oasis. En un site où l'eau qui faisait le bonheur de cette palmeraie maritime est en partie confisquée par l'industrie des phosphates, il serait possible de produire des aubergines, des tomates et des tamarillos par simple greffage de ces espèces sur le Tabac glauque. Originaire du Pérou, cette plante qui s'accommode de la sécheresse et d'une certaine salinité des sols abonde là-bas en bordure de mer.
Mais la difficulté pour mener à bien pareille entreprise, c'est d'en assurer la continuité. le greffage suppose en effet un certain nombre d'opérations secondaires comme le débridage des ligatures, la suppression des rejets sauvages, la taille de formation des pousses nouvelles, la reprise des essais manqués, la gestion enfin d'un verger livré au seul destin de ses racines...
Dès qu'on touche en effet à l'équilibre d'un écosystème, ne fut-ce qu'en greffant, on y contracte aussitôt quelque obligation.
L'opération, si prudente soit-elle, ne peut tirer parti du milieu naturel sans altérer sa cohérence. Il faudra compter avec ses réactions et parfois ses rejets avant de prétendre à une "réussite".
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