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Citation de yannickrenard


« Le monde entier était mort, il était sous le contrôle de ma mère. Je savais qu'elle étendait ses tentacules à partir de sa tombe. Ma maison, mon quartier, toute la ville, la planète, bientôt l'univers entier serait sous sa domination. Je n'avais que le Feu pour ami. Ça a toujours été mon seul ami. Il fallait que je fasse disparaître tout cela par le Feu, et je me comptais dedans évidemment »
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Je vais vous dire à quoi sert un bureaucrate, à l'ère de la communication instantanée, à l'âge de la vitesse-lumière. Il sert à bloquer l'information.
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Le monde de la fin du XXe siècle est une colossale expérience darwiniste, où les conditions de survie sont dictées par une poignée de règles fondamentales. L'une d'entre elles tient en ces quelques mots : Vous-devez-payer-votre-loyer-tous-les-mois.
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Quel que soit le truc que vous inventiez, il vaut mieux se faire une raison quand on est un scientifique : il y a toujours, quelque part, un militaire prêt à transformer votre zinzin en machine de destruction massive. Nous n'étions pas les premiers à être confrontés à la dure thermodynamique du pouvoir humain et de l'histoire. En 1940-45, les savants européens et américains réunis autour du projet Manhattan en avaient déjà prouvé les effets inconfortables, quand ils furent mis devant le fait accompli : la Bombe serait bientôt produite. C'était devenu techniquement faisable, donc ce serait fait (aucune invention de l'humanité n'échappe à cette règle). On avait le choix entre une Bombe nazie et une Bombe américaine. Ils eurent ensuite le choix entre la Bombe du monde libre et la Bombe de l'empire communiste.
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— Oublie un peu tes raisonnements rationnels, Dark... Tu as affaire à des humains. Complexité, chaos.
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Il faut bien comprendre que les « véritables » scientifiques sont avant tout des êtres doués d'imagination. C'est-à-dire capables de faire « rupture » avec l'ordre informationnel qui les entoure. Il faut de l'imagination pour entrevoir les structures cachées qui sous-tendent l'univers, au-delà de ce que nous donnent à voir nos sens et nos instruments.
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Nous étions en train de discuter, Svetlana et moi, des travaux de Colin Wilson, datant du début des années soixante-dix, il avait mis dès cette époque le doigt sur un certain nombre de points essentiels, comme par exemple la nécessité de disposer de pas mal de temps libre, pour tuer de manière répétitive pendant des années. L'apparition des meurtriers en série est en effet inséparable de la naissance de la civilisation des « loisirs ». Et ce, pour une raison bien simple : il faut du temps pour tuer. Et surtout il ne faut rien avoir de mieux à faire. La civilisation des « loisirs » masque un sous-développement flagrant de l'esprit humain, et elle ne produit en fait qu'un mécanisme banal, parfaitement ennuyeux et dépersonnalisant, décortiqué depuis longtemps par les situationnistes, par exemple. Ces derniers ont expérimenté d'emblée la seule solution radicale, donc possible : celle de transformer l'espace urbain en terrain de jeu. En fait, les tueurs en série opèrent d'une façon similaire, quoique sous des modalités quelque peu différentes, je le reconnais. Les situationnistes étaient des artistes et des êtres relativement épanouis, même s'ils étaient en rupture avec l'ordre du monde. Tous les artistes sont des démiurges ambivalents ; ils sont en rupture et en harmonie, de façon synchrone, c'est-à-dire « paradoxale ». C'est de la confrontation entre ces deux aspects de leur personnalité que naît leur prise de conscience. Mais pour d'autres individus, plus instables, la dépersonnalisation agit de manière différente : face à la perte de l'ego qui en résulte, la seule façon de continuer d'« exister », c'est-à-dire de « sentir » que l'on existe, ne peut résulter que d'une combinaison de violence et de rituel : la magie. Le raccourci symbolique, qui redonne consistance et intensité à la vie. La plupart des meurtriers en série ont en effet un QI se situant dans les strates supérieures du tableau. Ils font partie de ces cinq pour cent de la population considérés par les psychologues behavioristes comme « dominants », voire « sur-dominants ». Les meurtriers en série ont souvent un goût prononcé, voire des prédispositions réelles pour des activités nécessitant intelligence, créativité, et audace. Mais lorsque la vie tout entière n'est plus qu'un vaste « espace de loisirs », sans but ni direction, neutre et sans affect, « média froid » où les séries télé s'enchaînent aux jeux stupides, au déluge publicitaire et à l'ennui, le nombre des solutions se restreint au fur et à mesure que s'empilent les frustrations. Face à la dépersonnalisation de la civilisation des « loisirs », le tueur en série invente son propre Jeu, son territoire symbolique personnel, dont il est le maître absolu. Le jeu est en effet une activité où l'identification est forte, c'est un « média chaud », pour reprendre la classification de Mac Luhan. La « vie » y est bien plus intense que dans la vie. Le jeu est magie pure. Le sexe lui-même ne devient plus que le vecteur « magique » par lequel exercer la soif de domination, de créativité et de pouvoir, frustrée à tous les stades de l'évolution personnelle, stratifiée par Marslow selon sa « théorie des besoins » : nourriture/sécurité-territoire/sexe/reconnaissance de soi/ activités métaphysiques ou créatrices.
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Elle a chuchoté mon nom, dans un souffle qui attendait depuis des siècles, cette vérité me frappa de plein fouet. Sa main s'est enroulée autour de mon bras et je me suis retrouvé soudé à elle. L'amour ressemble à s'y méprendre au mécanisme des bombes atomiques, deux morceaux de matière fissile rassemblés brusquement pour atteindre la masse critique. Réaction en chaîne. Haute énergie.
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—Vous vous souvenez d'Henry Lee Lucas et de son pote Ottis Toole, et la petite amie du premier, qui était la nièce du second ?...
— Oui, oui, ai-je marmonné, ils font partie des cas que j'ai consignés avec Gombrowicz, à l'époque...
— Vous vous rappelez comment leur histoire s'est terminée ? J'ai fait travailler mes méninges.
— Oui... Henry a supprimé Lorraine « Becky » Powell, sa petite amie, lors d'une dérive tueuse en couple. Ensuite, j'crois qu'lui et Ottis se sont fait chopper... — C'est ça... Vous savez, on constate souvent la même chose avec les tueurs en série qui opèrent en groupe... Leur sens de la solidarité est extrêmement réduit. Le groupe n'est qu'un objet, comme le reste, comme leurs victimes, la bagnole, la télé, les canettes de bière, ou pour ceux qui nous occupent un PC portable. S'il ne fonctionne plus, ou s'il est devenu inutile, il doit disparaître...
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La neuromatrice allait-elle nous échapper pour de bon ? Et n'était-ce pas la logique même de la création, et en particulier de la première forme d'intelligence artificielle digne de ce nom ? Allait-elle nous supplanter définitivement, nous rejetant sans peine dans les musées d'anthropologie ? Homo sapiens sapiens, primate évolué ayant disparu au début du troisième millénaire de son « ère chrétienne », éliminé par la plus aboutie de ses productions...
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