Cette fois, je ne me forçai pas à jouer Scarlatti. Ni même aucun morceau en particulier. Je laissai simplement ma main droite filer sur les touches. Librement. Peu à peu, mes doigts se décrispèrent, mon poignet s'assouplit. La musique ne m'avait pas totalement abandonnée, finalement.
L'air que je jouais sans réfléchir commençait à s'approcher de celui de ma sonate. Portée par ma rêverie, presque somnolente, je ne réalisai pas que ma main gauche s'était jointe à sa jumelle pour l'accompagner. Puis, après, quelques minutes, maintenant parfaitement détendue, je repris Scarlatti à son début. J'enchaînai ensuite avec Mendelssohn. Tout mon corps semblait vibrer avec les cordes ; j'étais dans un tel diapason avec la musique que j'en ressentais tous les mouvements. Comme un oiseau, il me semblait prendre avec elle mon envol, décrire là-haut des courbes amples et majestueuses, portée par son souffle, un peu, avant de redescendre en douceur jusqu'au sol.
(...) J'avais enfin compris ce que prendre confiance en soi signifiait.