Dans cette succession, l’autre est toujours le même, un chemin sous le soleil, au loin des montagnes qui voisinent avec le ciel, des sapins, des épicéas : pourtant cet ensemble n’est pas uniforme ni anonyme. Il se rattache à des terres précises, naguère parcourues. Tel est le pouvoir de ces souvenirs dont personne ne sait d’où ils renaissent, pareils à un feu soudain, à un orage imprévisible. Est-ce cela l’histoire de celui qui erre en lui-même afin de ne pas se perdre, de ne pas céder au vide pour que les mots soient ce cours rapide qu’il convient de saisir, de maîtriser ?
Un paysage et rien de plus, avec cette impression d’habiter à distance un royaume pas tout à fait perdu mais hors de portée, accessible seulement en ces instants d’un rappel inattendu.
Un paysage où l’on est prêt à s’aventurer une fois encore à travers les sous-bois de la mémoire.