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Citation de Partemps


Max Jacob
Hymne au soleil

Poussez l'ange malin par la porte béante

le béat, le méat, l'abbé hanté me hante

quand sur la tour rouillée, plantée de mille plantes

coupant l'ouate des nuits il apparaît, la honte

de la plante des pieds à la poitrine monte.

Ton corps est comme un arc bandé.

corps de partout : est-ce que vous m'entendez ?

Mon
Allah, mon
Bouddha, mon
Cingbras
Manitou

(Je n'y pige que dalle.

Voilà qui m'est égal.)

Je suis la valse lente

en pensant à nous deux.

Tu es bon, beau, dévoué et toujours heureux.

Et moi je suis souillé, pas beau, l'égout collecteur.

La crise de la joie dans le rideau des arbres

mais l'image est dans l'étang noir.

Ouvrez-vous pour laisser passer les nénuphars.



Il adosse la tête au coussin de l'amour.

Le
Créateur !
Cloué, accroché d'air et viande

au croc des hommes à qui les démons le demandent.

Il adosse la tête aux douleurs de l'amour.

Il pense et l'univers passe dans ses yeux noirs.

La race des racines et la guerre des races

L'ouf ou nid du serpent machine et tourbillon.

Les destins de l'histoire or et noir sur le front.

Qui cache
Dieu
Son
Père et les
Anges armés.

Il adosse la tête au bois côte sacrée

et la fièvre et la soif les quatre plaies brûlantes.

Il pense et l'Univers l'écorche et le tourmente.

Nul ne sait l'univers comme
Lui :

«
Je suis la
Trinité et le
Verbe infini

La victime et l'immortel sang de
Golgotha
Je connais chacun : l'on ne me connaît pas
Mon supplice tordu vous épargne l'enfer
Pendant que, pauvres gens, vous me creusez de fer.
Elle monta vers moi votre suite d'Histoire
Elle redescendra dans les plis de ma gloire.
Et tout s'arrêtera quand
Dieu l'a décidé. »



Il est bien vrai que je sais que je meurs

en quelque endroit du monde où je demeure.

Sera-ce en l'eau mouillée par gorge bue

sera-ce en l'air et d'avion descendu

sera-ce en terre désastre de mine

en route, en rue et par mains assassines

par guerre et feux ou par gaz asphyxiant

en paix du lit et
Jésus-Christ fixant.

Il est bien vrai que je sais que je meurs

en quelque endroit du monde où je demeure.

Vois dans ta vie ce qui peut réjouir
Dieu

ce qui de toi peut mériter ses yeux

or il ne voit que luxure et colère

enfer de vie vaut enfer de la mort

confesse-toi : « le désespoir te mord ! »

Il est trop tard pour avoir temps de plaire.

Du bon larron tu n'as pas l'innocence

ni cette foi qui donne connaissance ?

Si j'avais su ce que c'est que mourir.



Il n'est pas un filet d'onyx

sur l'agate d'une planète vrombissante

qui n'ait été l'usufruit

du
Dieu de mon crucifix.

Pas une flamme de bombe

dans la ténèbre qu'on appelle azur

qui ne soit à la poursuite de ton exequatur.

D'un pouce il peut éteindre

cette bougie appelée soleil

(soleil tu n'as rien à craindre).

Le plus grand transport militaire

le
Westminster

que l'on renomme

contient mille huit cent soixante hommes

soufflant pour calmer la tempête

chacun dans une autre trompette.

Ça n'est pas beaucoup plus qu'une allumette.

Derrière l'étoile biseautée, coincée de malheur ou bonheur

Dieu regarde chaque goutte de sueur, rosée !

Un moine dressé sur des sabots

pour parler au
Saint de la crypte et de l'ombre !

les yeux baissés du moine ardent

entre balèvres et redans

sur le
Saint qui dort en sa tombe

Dieu d'un doigt soulève un rideau.

Le
Saint est arrivé au port

le moine n'y est pas encor.

Le rideau tombe.
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