Ce soir-là, en écoutant Tabasque, je compris que s'il aimait raconter des histoires, jouer avec les silences et les temps du passé, sa différence ne résidait pas dans ses talents de conteur. Il m'aurait finalement semblé ennuyeux. Non, c'était dans sa passion pour le genre humain qu'il me fascinait, dans sa capacité à traduire en un destin n'importe quelle biographie, si banale fut-elle, brassant alors dans ses somnolences alcoolisées toute une humanité sans porte-parole. Dans ces moments-là, Tabasque était tous les humains à la fois.