— Contrebande ! ai-je décrété en tendant un doigt accusateur sur l’objet du litige. Vous aurez l’amabilité de me remporter ça chez vous.
Un grognement général a secoué les murs du chalet.
— Et si Shane a faim en pleine nuit ? a gémi Mme Artichaut dont les multiples mentons ont trembloté.
— Je veillerai à ce que les garçons disposent d’en-cas en quantité suffisante et bons pour la santé, ai-je riposté aussi sec.
Faut-il préciser que je venais d’inventer cet interdit ? C’est que, voyez-vous, je n’avais aucune envie de régler des batailles rangées toutes les cinq minutes. Comme si elle avait lu dans mes pensées, la mère du démon a regardé le paquet de pop-corn que je tenais.
— Et ça, a-t-elle accusé en désignant les pop-corn, qu’est-ce que vous comptez en faire ? Vous ne pouvez pas demander à ses parents de le remporter à la maison, puisqu’ils ne sont même pas là !
« Hé, ils habitent en Guyane française, vous savez où ça se trouve ? » Si ces mots m’ont brûlé la langue, je me suis bien gardée de les prononcer. À la place, j’ai sorti une bêtise énorme.
— Ces sucreries seront confisquées par mes soins jusqu’à la fin de la colonie, date à laquelle je les retournerai à leur propriétaire légitime.
— Puisque Shane n’a pas le droit d’avoir de bonbons, a reniflé l’autre, j’espère que les autres non plus. Je compte sur vous pour fouiller leurs sacs.