Meg Wolitzer

Ce camp est un endroit formidable, Jules, mais il existe un tas d’autres endroits semblables, du moins, il y en avait dans le temps. Et si tu étais allée dans un de ces camps, tu aurais rencontré un groupe de gens totalement différents et tu serais devenue amie avec eux. C’est comme ça. Oui, tu as eu de la chance de venir ici à cette époque-là. Mais ce qu’il y avait de plus excitant, c’était que tu étais jeune, justement. C’était ce qu’il y avait de mieux.
— Non. Il n’y avait pas que ça, réfuta Jules. Tu n’étais pas là, tu ne peux pas savoir. Ce camp m’a apporté quelque chose. Cet endroit, cet endroit particulier, m’a apporté quelque chose.
— D’accord, dit Dennis. Admettons. Il t’a donné l’impression d’être exceptionnelle. Peut-être même qu’il t’a rendue exceptionnelle, si ça se trouve ? Et tout le monde veut être exceptionnel. Mais nom d’un chien, est-ce la chose la plus essentielle ? La plupart des gens n’ont aucun talent. Alors, qu’est-ce qu’ils doivent faire ? Se suicider ? C’est ce que je devrais faire ? Je suis échographiste, et pendant environ une minute, j’ai été le directeur d’un camp d’été. J’apprends vite. J’apprends des techniques et je lis un tas de trucs pour compenser le fait que je n’ai absolument rien d’exceptionnel.
— Arrête, ordonna Jules. Ne dis pas que tu n’es pas exceptionnel.
— Tu ne me traites pas comme si je l’étais.