AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


Un bruit de moteur à cette heure dans le désert de Reims surprenait. Sélim leva le pied en traversant la large avenue à deux sens. Le véhicule, une 403 marine qui, maintenant, apparaissait sur sa droite, accéléra dans sa direction. Alors qu’il y avait place pour éviter le piéton, le moteur rugit de plus belle et fonça droit sur lui. Le jeune homme sortit de ses pensées et se jeta hors de la chaussée. Les trois occupants de la voiture hurlèrent leur colère. Ils étaient passés si près de leur but. Sélim a vu leurs yeux. Surtout ceux d’un fin à moustache cachant des joues creuses, assis sur la banquette arrière. L’autre, un châtain clair qui avait visé Sélim avec son mégot en hurlant de toutes ses tripes « sale crouille », était à côté du chauffeur.
Au feu du coin de l’avenue, la voiture folle souffla le rouge. Immobile sur le trottoir, Sélim rageur pointa son majeur vers le ciel. Le fin du siège arrière lui répondit d’un geste nerveux et arrogant, invitant Sélim à les suivre s’il était un homme. Dans l’élan, la 403 disparut dans le silence de la nuit. Après la colère et l’impuissance à répondre à la provocation, Sélim, mortifié, reprit son souffle. Malgré lui sa différence lui revint. Il laissa Ginette et Pierre. Il savait qu’avec un visage plus clair il rentrerait tranquillement chez lui. Il n’était pas d’ailleurs et ne se sentait pas d’ailleurs. Sélim n’imaginait pas d’issue de secours, ville ou pays de retour. Il était de Reims, de France, depuis la clinique Saint-Charles où il était né. Il avait même de la peine à l’idée qu’il pourrait un jour quitter cette ville qu’il aimait tant, à laquelle il avait donné une première place de français au concours général et un podium au championnat de France cadets de fleuret à Coubertin.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}