Mélody Marine

"A environ deux cents mètres de lui, entre la maison et les enfants, se tenait une petite troupe d’Indiens à cheval. Maureen, sur le pas de la porte, regardait Patrick soulever les petits dans ses bras. Le tableau la combla de bonheur. Elle ne vit point les Indiens s’approcher d’elle. Patrick lui fit de grands signes en courant de plus en plus vite et elle répondait à ses saluts en souriant. La dernière chose qu’elle vit, fut son mari et ses deux enfants qui couraient…couraient… La flèche lui transperça le cœur. Elle fit un tour sur elle-même et s’effondra dans la poussière, visage contre terre, cette terre qui était devenue sienne et qu’elle commençait tout juste à appeler son « pays ». Les enfants hurlaient dans les bras de leur père. Il leur faisait mal en les serrant si fort contre lui. Se débattant de toutes leurs forces, ils glissèrent à terre et quand Patrick trébucha, ils coururent à toute vitesse vers leur mère. Patrick se releva d’un bond, cria le nom de sa femme puis celui de ses deux petits qui allaient, eux-aussi, pauvres innocents, vers une mort certaine. En un instant, tout bascula. Un des Peaux-rouges sortit son tomahawk et l’abattit sur Jonathan puis, continuant sur sa cruelle lancée, il atteignit Jeffrey et le décapita. Patrick sentit son cœur s’arrêter. Il ne voyait plus que les petits cadavres rougis par le sang, la vie innocente qui s’écoulait. Il perdit connaissance."

"La jeune fille ne fit pas un geste. Elle était comme hypnotisée par Patrick. Ses yeux si bleus, si tendres, son corps devenu si fort, si puissant depuis qu’il chassait régulièrement et cultivait la terre avec ses frères. Elle aurait voulu avancer une main et caresser son visage, son torse et…Tout en l’imaginant, sa main avait suivi le cours de sa pensée et touchait presque le jeune homme. Patrick était tétanisé. Jamais auparavant, il n’avait remarqué combien Larmes de Pluie était belle. Son corps, cette silhouette parfaite, ses longs cheveux noirs brillants qui arrivaient jusqu’au bas de ses reins, ses doux yeux de faon qui scintillaient et brûlaient son corps déjà enfiévré. Il se leva d’un bond et prit la jeune fille dans ses bras. Il huma le parfum des fleurs épanouies que la jeune indienne écrasait pour s’en enduire tout le corps. Ce parfum grisa un peu plus le jeune homme. Sa bouche descendit doucement le long de son cou jusqu’à la naissance de sa gorge parsemant la peau de la jeune fille de milliers de frissons. Puis, ..."

Toi, qui as reçu, sans le demander,
Un paquet hurlant et malodorant,
Presque mort de faim et froid,
Qui n'avait que trois mois.
Toi qui à pris sous son aile
Ce bébé qui n'était pas le tien,
Qui lui à donné sans contrepartie
Tout l'amour qu'il y avait en toi,
Qui l'a soigné, éduqué, aimé
Sans compter ton temps, et tes handicaps.

Toi qui as tenu tête à toute la famille
Pour toujours le protéger,
Lui inculquer la bonté et l'amour
Pensant que dans chaque individu,
Quel qu'il soit, il y a du bien.
Toi qui à été là quand la vie était rude;
Dans sa petite enfance sur tes genoux,
Dans son adolescence et ses bêtises,
Dans son âge de femme pour la conseiller.
Toi qui montais deux escaliers,
Avec des médicaments et de la nourriture,
Quand l'enfant brûlait de fièvre,
Malgré tes tremblements de Parkinson,
Malgré ta non - voyance et ta surdité.

TOI, que j'ai appelé : « ma tante »
TOI, à qui je dois ma petite vie,
TOI, qui as tremblé pour moi,
TOI, à qui je n'ai jamais dit de ma vie
Et aujourd'hui, que tu es à jamais partie
Je te rends un hommage, je te le crie:
« Ma Maman Alice, Je T'aime, Je t'ai
toujours aimé et tu me manqueras
À Jamais. »
Ta fille de coeur.

— Eh bien, mon enfant, qu'avez-vous ? Racontez à grand-père. Un chagrin quel qu'il soit, s'envole de moitié lorsqu'il est partagé, le saviez-vous jeune fille ? p.32

Au-dessus de la sauge, en apesanteur, dans un couffin en osier, un joli bébé joufflu et rieur la regardait de ses grands yeux gris fumés. p.7