Préface de de Lucile Arnoux-Farnoux
(...)Stratis Tsirkas raconte dans une lettre d'avril 1949 comme elle a été fêtée à l'occasion du 1er Congrès pour la Paix, où elle représente la Grèce. Picasso, Pablo Neruda et Frédéric Joliot-Curie l'adoptent comme une des leurs. La littérature semble avoir réussi là où la propagande échouait : alors qu'Aragon et Elsa triolet se retranchaient derrière leur ignorance de la réalité grecque pour ne pas en parler, voilà tout à coup que la Grèce est au centre de l'attention, grâce au roman de Melpo Axioti (...) (p. 10)
« L’autobus est pressé. Comme un mulet, il se cabre, il saute sur son derrière, il renifle, il saute encore, il s’élance, puis s’en va."
"Le ciel était bleu, la mer immobile, le bateau s’était balancé sur son pied gauche, sur son pied droit, il s’était traîné sur son derrière, indécis et farouche comme un homme de grand âge qu’on dirait plein de doutes mais qui, lui, est très sur des jours de son passé."
4e couverture - Editions Cambourakis, août 2018
"Tout juste arrivée de Grèce après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Lisa s’installe à Paris, entre République et Bastille.
Pour elle, tout est nouveau : l’architecture de la ville, les mœurs des Parisiens… Tandis qu’elle témoigne d’abord de son étonnement, celle qui se révèle être la double de l’auteure dévoile également son passé de résistante, sa vie sentimentale, et rappelle l’histoire récente de la Grèce, la guerre et la famine athénienne de 1940.
Se dessine ainsi un portrait à la fois intime et politique de cette jeune femme tiraillée entre son pays natal malmené et la France qui l’accueille.
Rédigé directement en français, dans une langue étonnamment saisissante, ce texte ne sera pas publié de son vivant."
"Tous les comptoirs étaient fermés, le monde aujourd’hui n’aurait pas soif. Le ciel avait donné l’ordre au soleil de briller, c’était peut-être les premiers rayons de l’année, et les maisons, qui n’aimaient pas cela se couvraient le visage d’une mantille."
"La tour Eiffel marchait sur les roues d’un chariot. Les invalides, sur leurs béquilles. Des yeux passaient en flèches."
La place était semée d’une forêt de réverbères. "
C'était la première fois que se manifestaient à moi des choses aussi importantes et je courais vite vite leur raconter ce que j'avais vu de là-haut dans le monde. "Drôle d'enfant", disait-on, "la vérité ne sort pas de la bouche de cette enfant", et cela me retirait toute ma provision de joie.
"Toute jeune encore, informe, sans couleur, sans un charme, comme une longue chenille prête à enrouler son corps sur les choses, sur les êtres, elle n’avait que les yeux qui attiraient sur elle le regard."
"La rue qui se trainait par terre comme un long serpent était déserte."