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Critiques de Mer Belleau Duteil (2)
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3 Feuilles Sur la Treille

Trois feuilles sur une treille, trois femmes, trois mondes, trois vies mais une même sensibilité exacerbée jouant des gammes au fil des mots.

Des mots, des haïku qui se répondent en écho, toujours en relation avec la nature souveraine qui ressource.

"Lune gibbeuse", "vol de cormorans", "mangue mûre", "lourdes frondaisons"; la nostalgie plane sur de belles images puis se rattrape au vol pour voguer sur l'aile légère d'un papillon, le parfum de la citronelle ou le liseron "origami blanc".

Chaque feuille soulève son voile et transparaissent des sentiments plus forts. Ici, c'est le vide de l'absence lié à la froidure, contrebalancé plus loin par l'espoir du bourgeon sur un rameau "laissé pour mort", un vide rempli de poésie ou de tendresse. Là c'est la solitude réchauffée par l'amitié autour d'un même pique-nique ou de jolis mots d'enfant. Plus loin pointe la peur de l'âge d'un "coeur à l'envers" mais il y a le "bisou de vanille" d'un enfant haïtien, "le goût de toi", la sensualité d'une "nuit d'été/ lente descente du drap/ sur ma cuisse".

Haïkus qui tintent, carillonnent, tonnent,flambent, tentent une approche, accrochent le lecteur séduit car il s'identifie à ces instantannés de vies de femmes en attente où la vie reste plus forte que tout.

Rappelons que ce recueil de haïkus était en mars 2012 sur le stand L'iroli lors du Salon du livre de Paris et que nos trois co-auteurs sont des concouristes confirmées lauréates de plusieurs grands prix et des poètes(ses) édité(e)s.

Janick Belleau, Montréalaise, Belge d'adoption est co-organisatrice d'évènements littéraires, membre du Conseil d'administration de l'Association Française de haïkus. Haïku choisi: froidure-/ un relent de jeunesse/ Chopin valse triste.

Danièle, Duteil, Bretonne, est co-rédactrice de la revue Gong. Haïku choisi: Saint Valentin/ la cuisse du Bergerac/ sur la langue.

Monique Mérabet Réunionaise anime des ateliers de haïkus. Haïku choisi: retour de crémation/ sur mon visage en pleurs/ le feu du soleil.

Un grand bravo à toutes les trois!

Sans oublier les superbes photos d'illustration très raffinées d'Irène Dulac.
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3 Feuilles Sur la Treille

Comment parler d’un livre dont on est l’auteure, co-auteure en fait puisque je partage ce bonheur avec Janick Belleau et Danièle Duteil. Et comment dit-on quand on est à trois ? tiers-auteure ?

Je me demande aussi de quelle manière évoquer mes écrits, moi qui suis déjà embarrassée de devoir formuler quelques mots de biographie… surtout lorsque mes haïkus s’entremêlent à ceux d’autres auteures. Devrai-je ne pas parler de moi, par courtoisie, par modestie ? Devrai-je ne parler que de moi… et pourquoi pas !

Voilà une chronique qui débute mal… qui aurait du mal à débuter si je n’étais consciente de l’inanité de telles interrogations.

Tout d’abord, il est inutile de porter un regard critique sur mes propres écrits, pas plus que sur ceux de Danièle ou de Janick, d’ailleurs. Le lecteur se fera bien vite une opinion : les haïkus de 3 feuilles sur la treille sont tous bons, excellents même puisqu’ils ont été sélectionnés par l’Éditrice de Liroli avec finesse et compétence.

Déjà, je ne me sens plus propriétaire exclusive, dépositaire des miens. Ils m’échappent, ils vont à la rencontre de ceux des deux autres. Puis, ils se complètent, fusionnent ou alors rebondissent vers un autre bout de chemin, un autre univers.

Voyez, par exemple, pages 30-31…

Vous étiez tout en haut d’un escalier d’érable japonais (momiji) et vous atterrissez sur la plage blanche d’une page, propice à la découverte haïkiste.

Vous croisez Danièle de l’île de Ré… et sa joie.



retour du soleil

dans la boîte aux lettres

un petit colis (D)



Un peu plus loin – juste un continent, un océan à traverser – vous tombez sur Monique de la Réunion qui sourit, elle aussi



boîte aux lettres vide

ce lundi – à côté

une mangue mûre (M)



Et, quelques fuseaux horaires plus loin, tout là-bas du côté du Québec, Janick vous présente ce qu’elle contemple



sur la chaussée

sa naissance à l’ombre

la fleur sauvage (J)



Trois feuilles voguant sur la même longueur d’onde

Au bout du compte, il est peut-être vain aussi de se demander « qui écrit quoi ». la signature d’une initiale en bas de page est d’une bienheureuse discrétion.

Et du coup, s’efface de mon esprit cette si peu élégante expression de « tiers-auteure ». L’association des haïkus, leur agencement est si évident, si nécessaire que chacune se retrouve auteure à part entière. Chaque page est habitée de la présence de toutes en même temps. Même figurant en solo, chacun des tercets en annonce un autre, complice, attendant de se dévoiler.

Une petite parenthèse pour vous inviter à découvrir le soli-haïku de la page 71… à couper le souffle !



Cet ouvrage a trois auteures, donc, ainsi que le confirme la note de l’Éditrice :

« Trois voix cardinales du haïku nous offrent leurs accents, leurs parfums mêlés… »

Trois… Et soudain, cette impression d’avoir décelé une inexactitude, un petit détail qui cloche, qui ripe dans la recopie de cette note. « Trois voix » ? Non ! Non ! le compte n’est pas bon.

Notre beau livre d‘art est réalisé à… quatre voix ! Comment laisser sous le boisseau celle – essentielle – d’isabel Asùnsolo, Éditrice de l’iroli, chef de chœur de ce concert polyphonique.

Quelle patience il lui a fallu pour piocher dans cet amas de feuilles tombées des haïkutiers de l’île de Ré, de Québec, de la Réunion, pour les trier et n’en retenir qu’un essaim froufroutant.

Et avec quelle minutie de brodeuse, elle a su les associer, les apparier !

Chaque composition est une micro-histoire emmenant le lecteur vers un ailleurs qui rejoint son propre imaginaire, ses propres ressentis.

« Alors que d’autres noms de fruits et d’autres oiseaux viennent à notre rencontre pour nous éveiller, un même souffle humain universel traverse ces textes. » écrit l’éditrice. Que dire de mieux ?



Une mention spéciale pour Benoît Delaite, le maquettiste, qui nous présente au fil des feuilles de papier un véritable ballet de feuilles, de tiges et de fleurs, de haïkus… l’herbier qui danse ! Avec tant de force, tant de vie, qu’en ouvrant sur une page au hasard, je me prends à me demander si les éléments qui la composent n’auront pas changé de place, s’ils ne suivent pas un perpétuel mouvement à l’abri des regards pour se figer soudain… avec infiniment de grâce.



Le mot de a fin à isabel Asùnsolo qui évoque [ce] « souffle qui nous invite à notre tour à observer et à écrire dans la langue du haïku. » Merci isabel.



(Monique MERABET, 28 Mars 2012)

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