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Citation de GalitEyes


Virginia repose son style. Elle voudrait pouvoir écrire toute la journée, remplir trente pages au lieu de trois, mais au bout des premières heures quelque chose en elle vacille, et elle craint, si elle se force à dépasser ses limites, de compromettre son projet tout entier. De le laisser divaguer dans une zone d’incohérence dont il pourrait ne jamais revenir. Par ailleurs, elle répugne à passer une seule de ses heures de lucidité à autre chose qu’écrire. Elle travaille toujours dans la crainte d’une rechute. D’abord viennent les migraines, qui ne sont en aucune manière des douleurs banales (« migraine » lui a toujours paru un terme inapproprié, mais les appeler autrement serait trop mélodramatique). Elles la pénètrent. Elles l’habitent plutôt ne l’affligent, comme les virus habitent leurs hôtes. Des filaments douloureux l’envahissent, projettent dans ses yeux des éclats de lumière avec tant d’insistance qu’elle a du mal à croire que les autres ne les voient pas. La douleur la colonise, se substitue de plus en plus à elle, Virginia, et son avancée est si irrésistible, ses contours déchiquetés si perceptibles, qu’elle l’imagine aisément comme une entité ayant une vie propre. Elle pourrait la voir tandis qu’elle marche au côté de Leonard dans le parc, une masse scintillante couleur d’argent qui flotte au-dessus des pavés, hérissée de pointes, fluide et compacte telle une méduse. « Qu’est-ce que c’est ? » demanderait Leonard. « C’est ma migraine, répondrait-elle. N’y prête pas attention.
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