Au printemps de l'année 1903, sur le conseil de mon médecin, j'eus l'occasion de visiter cette magnifique et lointaine portion de terre située au milieu de l'océan Indien, que j'appellerai l'île de Rowe. Par suite de surmenage, je me trouvais victime de ce qu'à notre époque les charlatans se plaisent à qualifier d'"épuisement nerveux" ou même de "dépression". En d'autres termes, j'étais complètement à plat et j'avais besoin d'un long repos très loin de tout. Je possédais quelques intérêts dans la compagnie minière qui constitue l'unique industrie de l'île (si l'on excepte la religion !) ; je savais que le climat de cette île était idéal, tout comme sa situation, ce qui en fait l'un des lieux les plus salubres du monde, à deux mille cinq cent kilomètres de toute forme de civilisation.