Sacré roman que "Périmètre de sécurité" de Michael Pitre. Récit choral de l'ordinaire de la guerre en Irak, vue au ras du sol, histoires de retours difficiles à la vie de soldats déglingués, roman de la reconstruction, du pardon et de deuils irrévocables, mais aussi tentative de restitution de la complexité des interactions entre les différents protagonistes d'un conflit où toutes les motivations se télescopent, "Périmètre de sécurité" est tout cela. Avec ce supplément d'âme qu'apporte la littérature quand elle est aboutie et qu'elle donne à voir l'obscur et l'incertain des motivations et des engagements.
Michael Pitre a écrit "Périmètre de sécurité" en connaissance de cause : il fut parmi tant d'autres l'un des belligérants de la guerre en Irak, où il servit en tant que capitaine. Mais son récit dépasse le simple témoignage. On le doit sans doute au fait que la rédaction de ce premier roman s'effectua sous le patronage de son mentor et ami, Joseph Boyden. On ne peut que se féliciter de cet amical tutorat. Tous ceux qui ont eu la chance de lire "Dans le grand cercle du Monde" savent à quel point Boyden est un immense écrivain. Quelque chose de sa dextérité à donner sobrement chair et âme à ses personnages dans toute la beauté et la noirceur de leur humanité sourd constamment de la prose de Michael Pitre. Vient alors une émotion qui nous emporte et la sensation d'avoir eu la chance de lire un livre qui marque.
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