Citations de Michael Sadler (23)
J’adore ce pays. J’adore les gens, la langue, la rue, les odeurs, les bus, les affiches, le pain, le saucisson, le vin, les zincs, les livres, les idées, les voix, les femmes, les plaisirs.
Une nuit, lorsque les potirons étaient encore tout bébés, Arsène s' était introduit dans le jardin avec un burin à légumes. Sur chaque flanc, il avait gravé une lettre en secret.Depuis, les potirons ont grossi et les lettres , hautes de cinq centimètres au mois de mars, en font aujourd'hui soixante-dix. Une tous les
sept potirons.Chaque promeneur peut lire , inscrit dans la chair tendre des potirons de Gilbert Chougras:
C-O-N-N-A-R-D !
Charmant.
Toison, Corleone, même combat.
Flairant, la catastrophe - un suicide collectif au fromage de chèvre -, Claudette court à la cave et revient avec un bouteille poussiéreuse sans étiquette. Elle la débouche et la place devant nous.C'est quoi , cette idée? La bouteille passe de bouffeur en bouffeur. On est à l'article de la mort les yeux exorbités, le teint pourpre.Foutu pour foutu, je prends une rasade.L'effet est immédiat. C'est moins une solution qu'une dissolution. Sous l'effet du liquide magique le fromage fond , les dents fondent les gencives avec , il emporte les amygdales dans sa descente du gosier et, sensation extrêmement agréable, passe à travers les aliments compactés comme un trépan. L'embouteillage disparaît. On respire de nouveau.On prend une autre rasade .Et une autre.C'est de la soude caustique? Mais non!
C'est une bonne eau-de-vie de derrière les fagots!
Vive la gnôle libératrice!
--Excusez - nous, monsieur......
Mes poireaux sont très courtois. Normal , ils sont anglais.
__........on est mous!
Je jette un regard sur la banquette arrière. Voyager avec une bande de poireaux pubères est un entreprise délicate. Hier, pendant la traversée Douvres-Calais, je les avais promenés sur le pont enveloppés dans des kleenex imbibés d'eau d'Évian. À l'hôtel, près d'Alençon, ils avaient passé la nuit dehors, sur le rebord de la fenêtre, dans le verre à dents qui me sert à boire un petit calva en douce.Avant de baisser le store en plastique blanc, j'avais pris soin d'y ajouter mes chaussures en guise d'épouvantail pour dissuader tout escargot alpiniste - on était au quatrième .Ce matin , mes plants tournaient visiblement de l'oeil. Jamais en manque d'une expression argotique même si je change de légume, je décide de titiller le champignon.
Le bleu intense s’estompe, comme une goutte de lait dans un thé azur.
Un universitaire et sa muse trouvés mort au fond d’un bois. Une carrière littéraire tuée dans l’œuf par un champignon.
Pour séduire la demoiselle, mieux vaut être bien vu de la famille mais parler avec les jeunes peut être un rébus :
« - Je kiffe pas le keum.
- C’est grand.
- C’est chez qui la teuf ? »
La machine à crêpes me fascinait. J’ai regardé Suzanne tartiner et sauter. Je lui ai demandé si je pouvais essayer. Ma première crêpe faisait bouse de vache malade, ma deuxième, kleenex de nain catarrheux.
Je suis né à Tours en 1971.
La corsetière Josselyne, docteur ès femmes fortes, se trouve opportunément située à côté d’un charcutier diplômé ès rillettes. C’est pratique. On se gave de cochonnaille, on s’essuie les mains et on passe à côté pour en camoufler les ravages. (…) La présence des deux autres charcutiers accentue cette atmosphère de porc de plaisance qui flotte sur la ville.
J’ai acquis six melons (une affaire), un kilo de navets, trois kilos de charlottes, un kilo de jeunes courgettes jaunes, deux andouillettes, du jambon d’York, un gros saucisson, trois bottes de radis, six laitues, cinq choux de printemps et deux kilos de bettes.
Les Français partagent avec les hérissons la réputation d’être d’un contact difficile et de se faire écraser en grosses quantités sur les routes. Cette renommée n’est pas méritée.
L’Anglais se rosbifferait-il ?
- Michael ! Quel plaisir ! J’espère que la route n’a pas été trop dure. Bison futé (a-t-elle des amis indiens ?) parlait d’une journée rouge (une fête communiste ?
La France est ma maîtresse.
Ah, la bouffe anglaise ! Ils imaginent ma triste vie d’avant, mes repas de viande trop cuite, arrosée de confiture dans un brouillard de purée de pois dont le seul avantage est de cacher le contenu de l’assiette. Pauvre rosbif !
TM : Quels sont les traits de caractère des tourangeaux ?
MS : Par moments ils sont un peu « Bourgueil » quand ils ne sont pas carrément « Chinon ». Mais comme le Vouvray, je les trouve 100% souples, fins et gouleyants. »
« Être blasé, c’est une couche de protection épaisse qui vous éloigne de la drôlerie. »
« Loches, c’est une très belle petite ville, et je suis fêté et gâté par ses habitants qui apprécient que je parle, en bien, de leur cité. Et moi, je suis heureux. J’adore qu’on m’aime ; (…) »
Je m'approche d'Henri pour lui serrer la pince.
Ddddrrrrrrrriingggg! !
C'est quoi ce bruit?
Ddddrrrrrrrriingggg!
Et tous de se lever.
Drrriinng dans le potager, Ddrrrriinnngg à l'école. Ddddrrrrrrrriingggg à la toison d'or Ddddrrriinnngg à la boulangerie.Et puis, comme un effet domino sonore , dans toutes les maisons du bourg:Ddrrrriinnngg! !!
C'est la joie.
--Ça y est!!
Henri le Funambule se lève, majestueux, sur son fil.
--Le réseau ....On l'a!
Et voilà. Enfin désenclavés!
J'ai bien fait de rester.Toison est de nouveau le centre du monde.