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Citation de LisonsDesLivres


Libération. Avec le temps, il ne reste que la puissance du mot, la joie qu’il évoque, le printemps inespéré qui voit se terminer la Seconde Guerre mondiale. Les films, dont certains sont en couleur, nous ramènent à la réalité, une réalité cauchemardesque. Buchenwald, le plus grand camp de concentration d’Allemagne est libéré par les troupes américaines en avril 1945. Ce que découvrent Patton et ses hommes est tellement abominable que le général ordonne de faire venir les habitants de Weimar, la ville la plus proche et qui fut un temps la capitale de l’Allemagne, pour voir ce qui s’est passé à quelques kilomètres de chez eux.
La caméra filme une cohorte de notables épuisés, en couples souvent, bras dessus bras dessous, solennels, comme s’ils allaient voter. Les femmes portent des fichus et les hommes encore des gilets. Ils avancent penauds, abattus, tête basse, à cause de la défaite et de la fatigue mais aussi pour éviter le plus longtemps possible le spectacle auquel, durant la guerre, ils n’ont pas pu assister. La caméra se rapproche, les montre circulant entre des tas de corps jaunâtres, décharnés, empilés comme des détritus, quelques-uns des 56 000 morts qui ont fini leurs jours à Buchenwald. Les femmes enfouissent leurs visages dans leurs mouchoirs, pour masquer leurs pleurs ou leur dégoût, les hommes baissent les yeux, d’horreur et de honte. Et encore ne savent-ils pas que c’est là, juste à côté de la ville de Goethe et de Schiller, à leurs portes, qu’étaient fabriqués des abat-jour et des savons à partir de peau ou de graisse humaine.
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