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Citation de Charybde2


Tous reçoivent des équipements fournis en particulier par le Qatar et acheminés par air ou par mer avec l’aide des Alliés. Cet effort, conjugué à la campagne d’usure des forces loyalistes, finit par inverser le rapport de force et créer un phénomène d’avalanche. Le 23 août, plusieurs unités rebelles prennent le contrôle de Tripoli. Les derniers combats ont lieu dans la ville de Syrte encerclée par les forces rebelles et sur laquelle peuvent se concentrer tous les moyens de l’Otan. Syrte est prise le 20 octobre. Le colonel Kadhafi s’en enfuit dans un convoi qui est stoppé par un avion français. Kadhafi est blessé dans l’attaque, puis massacré par des miliciens. Une fois Kadhafi éliminé, la guerre s’arrête. Ce n’est que momentané, car il n’y a aucune unité de l’opposition et le pays se fragmente. À l’image de l’Hydre de Lerne, les États décapités voient souvent plusieurs têtes leur repousser.
Sur le moment, on clame victoire, ce qui n’était plus si courant. D’un point de vue opérationnel, on a renoué avec la formule, médiane en termes de risques pour nous, d’une combinaison entre offensive de conquête locale et appui-assistance extérieur. Comme d’habitude la réussite de la formule réside dans le rapport de forces qualitatif au sol : celui-ci étant défavorable aux rebelles, il a fallu compenser par un surcroît de puissance dans les appuis. C’est ainsi qu’il faut presque sept mois à l’Otan et ses alliés et 1,5 milliard d’euros de dépense pour élever le niveau des rebelles et surtout abaisser suffisamment celui de leurs ennemis, 30 000 hommes au maximum, afin de faire basculer la situation.
L’immense avantage de ce mode opératoire est qu’aucun soldat de la Coalition n’a été tué durant l’opération, alors que durant la même période, 19 soldats français tombaient en Afghanistan. Le premier inconvénient de cette stratégie est que cela coûte très cher – aux alentours d’un million d’euros par combattant ennemi neutralisé. À moins d’un adversaire très limité en volume comme pendant l’opération Lamantin en 1977 en Mauritanie, il n’y a que les États-Unis qui puissent mener des campagnes de grande ampleur de cette façon, ou Israël à ses frontières. On s’est alors beaucoup félicité en France de la place de nos forces dans cette guerre, mais même s’il s’agissait d’un niveau inédit, la participation française n’a représenté que 20 % du total des frappes et en grande partie parce que les Américains étaient plutôt à l’arrière. Sans eux, il aurait même été très difficile d’assurer le ravitaillement en vol de nos avions sur une aussi longue durée. On commençait même à s’inquiéter aussi d’un manque possible de munitions. Si les Américains avaient engagé des avions de combat pendant toute la durée de l’opération, la part des Français serait tombée à 5 %, une part bien modeste quand on veut passer pour une puissance. La guerre « à l’américaine » se fait avec des moyens américains. Et si on ne dispose pas de ces moyens, il faut penser à un système opérationnel différent.
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