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Citations de Michel Goya (65)


Faire la guerre consiste à s’efforcer d’imposer sa volonté à l’adversaire et pour cela en premier lieu de le réduire à l’impuissance. Cela suppose d’abord de connaître les sources de cette puissance avant d’agir contre elles.
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Cet effort humain gigantesque, cette évolution prodigieuse, toutes les armées qui défilent ce 14 juillet 1919 les ont connus mais aucune à cette échelle. L'armée française de 1918 est la plus moderne du monde. L'industrie automobile et aéronautique qui la soutient est alors la plus performante. Non seulement les chars Renault ou les avions Breguet sont ce qui se fait de mieux, mais, et peut-être surtout, ils sont présents en quantités que personne ne peut égaler. Les fantassins français de 1918 ne marchent plus sur de longues distances comme sous le soleil d'août 1914, ils sont transportés par une flotte de camions plus importante que celles de toutes les autres armées du monde réunies.
Ils communiquent grâce à un réseau de transmissions par télégraphie sans fil, quasiment inexistant au début de la guerre mais qui irrigue désormais tout, jusqu'à l'intérieur des chars et des avions, avec des équipements qui ont techniquement des années d'avance sur tous les autres.
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Lorsque le 20 novembre 1917 Georges Clemenceau, président du Conseil et ministre de la Guerre, se présente devant les députés pour prononcer son discours d'investiture, l'heure est grave. La France est en guerre depuis plus de trois ans et aucune issue victorieuse n'est en vue. Plus d'un million d'hommes, chiffre inouï, ont disparu, tués ou prisonniers. Dix départements et deux autres millions de Français vivent sous l'occupation allemande. La dernière grande opération française, lancée en avril en Champagne par le général Nivelle, a été un désastre, à l'origine d'un profond découragement des soldats et de leur défiance vis-à-vis du commandement. Pendant des semaines, des dizaines de divisions se sont mises en grève, jusqu'à ce que le nouveau général en chef Pétain recrée une confiance qui paraît encore fragile. Les civils sont lassés eux aussi de ces souffrances qui durent. Les grèves se multiplient dans les industries. Les socialistes de la SFIO sont de
plus en plus sensibles à une paix « blanche », retour à la situation d'avant août 1914, et réticents à participer à un gouvernement. Trois ministères sont tombés entre mars et novembre.

1917 est une année noire dans une guerre sombre et 1918 ne s'annonce pas forcément mieux. Certes, les États-Unis ont déclaré la guerre aux Puissances centrales le 6 avril, mais leur armée ne comptera vraiment en France au mieux qu'au printemps 1918, plus probablement à l'été. Surtout, l'allié russe s'effondre. Le pouvoir est aux mains des bolcheviques et l'armée russe se désagrège. Le temps est proche où la Russie quittera la guerre et où toutes les forces de l'Allemagne pourront se retourner contre les Français et les Britanniques.
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Quelques jours après la signature de la paix avec l'Allemagne, le 28 juin 1919, c'est à Paris qu'est d'abord célébrée la victoire et par le défilé militaire du 14 Juillet le plus impressionnant qui ait jamais existé.
...

Pour quiconque a vu le départ des « pioupious » de 1914 en pantalon rouge et capotes bleues, le contraste est saisissant. L'armée française de 1918 est plus sobre mais plus impressionnante en casque d'acier et accompagnée de toutes ces armes dont personne n'aurait imaginé l'emploi quatre ans plus tôt : avions, automitrailleuses, canons lourds, chars, enfin, qui ferment le défilé. Cette armée française, organisation géante de quatre millions d'hommes, s'est transformée en quelques années avec une vigueur et une vitesse qu'aucune autre institution du pays, publique ou privée, ne parviendra à égaler par la suite. Le changement a été radical.
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En 1918, Foch a le même âge que Gamelin en 1940. Il est probable qu'avec le premier à la place du second en 1940, les choses se seraient déroulées très différemment. L'action de la seule lre brigade française libre à Bir Hakeim deux ans plus tard montrera ce que l'on pouvait faire avec les ressources humaines et matérielles de 1940. La victoire était possible, on ne l'a pas voulu de la même façon qu'en 1918.
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La France est le principal théâtre de la guerre et l'armée française y est l'armée majeure. De mars 1918 à l'armistice du 11 novembre, c'est cette «armée des poilus » qui a le premier rôle dans cette coalition et lorsqu’on accepte enfin un commandement unique, nul ne conteste qu'elle soit commandée par un Français, Ferdinand Foch, et que ce soient lui et les Français de son état-major qui définissent la stratégie. Après Foch, c'est Pétain, à la tête de l'armée principale, qui donne forcément le ton. Les deux sont de caractères aussi opposés que possible mais de la dialectique de l'audace de l'un et de la prudence de l'autre naît une stratégie finalement plus cohérente que celle de l'ennemi. De la même façon, sur le théâtre des Balkans, c’est un autre Français, Franchet d'Espèrey, qui conçoit et conduit la percée de Macédoine à la tête des Armées alliées d’0rient. Cette brillante manœuvre où les soldats français sont encore en tête aboutit à la capitulation de la Bulgarie et contribue à celle des Empires austro-hongrois et ottoman, laissant l'Allemagne sans aucun espoir.
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le 20 novembre 1917 ... Clemenceau annonce à la tribune :
« Nous nous présentons devant vous dans l'unique pensée d'une guerre intégrale. [...]

Nous avons de grands soldats d'une grande histoire, sous des chefs trempés dans les épreuves, animés aux suprêmes dévouements qui firent le beau renom de leurs aînés. Par eux, par nous tous, l'immortelle patrie des hommes, maîtresse de l'orgueil des victoires, poursuivra dans les plus nobles ambitions de la paix le cours de ses destinées.

Ces Français que nous fûmes contraints de jeter dans la bataille, ils ont des droits sur nous. Ils veulent qu'aucune de nos pensées ne se détourne d'eux, qu'aucun de nos actes ne leur soit étranger. Nous leur devons tout, sans aucune réserve. Tout pour la France saignante dans sa gloire, tout pour l'apothéose du droit triomphant. […] Droits du front et devoirs de l'arrière, qu'aujourd'hui tout soit donc confondu. Que toute zone soit de l'armée. [...]

Un jour, de Paris au plus humble village, des rafales d'acclamations accueilleront nos étendards, vainqueurs, tordus dans le sang, dans les larmes, déchirés des obus, magnifique apparition de nos grands morts. Ce jour, le plus beau de notre race, après tant d'autres, il est en notre pouvoir de le faire. Pour les résolutions sans retour, nous vous demandons, messieurs, le sceau de votre volonté. »
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Les pertes américaines en Irak sont en moyenne de deux tués et quatorze blessés par jour, soit un taux très inférieur à celui de la guerre du Vietnam (vingt morts par jour pendant sept ans) ou même au nombre de meurtres aux États-Unis (une soixantaine par jour). Par comparaison, et toutes proportions gardées, la guerre d'Algérie (9,6 tués par jour pendant sept ans) a été trente fois plus meurtrière pour la France de l'époque que pour les Américains d'aujourd'hui. [...]Par ailleurs, la grande majorité des tués (79%) sont des soldats d'active et de race blanche (75%), contrairement à certaines idées reçues.
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Combattre, c'est d'abord pénétrer dans un monde qui ne mesure guère plus de quelques centaines de mètres de large et un moment qui ne dure le plus souvent que quelques heures. Ce monde nouveau est une brèche dans l'espace habituel de nos perceptions. C'est un endroit sur-réel où, par tous ses sens, il faudra absorber en quelques minutes les émotions de plusieurs années de vie moyenne.
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Les perceptions générales des opinions et des politiques, notamment en démocratie, sont toujours un peu en décalage avec les changements souvent rapides des règles du jeu international. Et c'est pour cela que l'invasion de l'Ukraine a suscité un étonnement presque équivalent à celui de la chute du mur de Berlin en 1989, à cette différence près que cet événement-ci est beaucoup plus angoissant.
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La préférence très marquée pour des patrouilles en véhicules plutôt que pour des patrouilles à pied, l'attitude rigide des soldats américains, la mise en joue systématique des passants, les conversations sans ôter ses lunettes de soleil, le port systématique du casque (pour des questions d'assurance vie) rendent le volet "immersion dans la population" très superficiel et même contre-productif. Pour la population irakienne, l'armée américaine reste une force impersonnelle et distante, à la fois culturellement et géographiquement, puisqu'ils vivent dans des archipels de base à l'extérieur des villes. En dépit de sa composition multiculturelle, l'US Army reste largement fermée au monde extérieur. C'est d'ailleurs déjà le cas aux États-Unis même, où les troupes vivent et travaillent dans de véritables villes militaires.
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En introduisant en Irak, mais aussi en Afghanistan, des objectifs de guerre totale, comme la mise en place d'une démocratie pluraliste, les Américains ont créé des "anticorps" conservateurs particulièrement virulents et qui ont su s'adapter à l'art occidental de la guerre moderne. Malgré deux milliards de dollars dépensés par semaine, les Occidentaux sont clairement impuissants en Irak.
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Et la France, et l'Europe dans tout ça ? Aux abonnés discrets qui se découvrent faibles dans un monde dangereux. La France se targuait d'être une grande puissance militaire : elle l'était en Afrique, avec de petits moyens et face à de petits ennemis, ou alors en se plaçant à côté des Américains sur la photo des coalitions. Une guerre majeure entre États aux portes du Vieux Continent la découvre nue. Le dialogue avec la Russie, leitmotiv des Livres blancs et revues stratégiques, fantasme de notre diplomatie depuis Napoléon III, n'a pas donné grand-chose. Et comment l'aurait-il pu: Paris n'avait pas de gros bâton à la main.
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Quiconque a fréquenté les forces armées américaines savait qu'il n'y avait pas d'organisation plus apte à triompher lors des phases offensives, mais aussi moins préparée à réussir les phases de stabilisation, qui nécessitent d'agir avec finesse au sein des populations.
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Pendant la première guerre de mouvement, en 1914, à la 13eme DI, il faut en moyenne cinq jours de combat pour perdre un homme dans une batterie d'artillerie, alors que ce délai est de trois heures dans une compagnie d'artillerie ; pendant les années de guerre de position, les chiffres respectifs sont cinquante jours et douze heures.
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Moscou fait feu de tout bois pour influencer les opinions occidentales. L'objectif est d'y amener une majorité à se déclarer hostile à la poursuite de l'aide à l'Ukraine. Elle a déjà pour elle une minorité de sympathisants, et pour les autres elle table sur la lassitude, sur les coûts financiers qui montent et vont monter encore plus alors que la situation économique et sociale est dificile un peu partout en Occident. A ce jeu-là, seuls les États-Unis comptent vraiment, qui fournissent la moitié de I'aide totale à l'Ukraine et 70 % de l'aide militaire. Le sort de Kiev se joue largement à Washington. Aussi l'espoir de victoire russe réside-t-il peut-être davantage dans un retournement américain à l'occasion de l'élection présidentielle de 2024 que dans le duel des armes au Donbass.
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L'Ukraine est traversée par le mal nommé gazoduc Fraternité qui fait transiter le gaz russe vers le reste de l'Europe et dont elle est propriétaire sur son sol. Assez étrangement, et c'est sans doute inédit, malgré la guerre le gaz russe continue de transiter par l'Ukraine et Gazprom continue d'acquitter un péage. Même si le volume global de la livraison de gaz en Europe a été divisé par sept, la Russie en reçoit encore plusieurs milliards d'euros en retour (plus de 100 en 2022). Elle a donc intérêt à utiliser Fraternité. Outre qu'elle serait, semble-t-il, techniquement assez difficile, la coupure de Fraternité par l'Ukraine priverait également celle-ci de revenus et l'obligerait inversement à payer des indemnités à Gazprom. On le voit, chacun tient l'autre par la barbichette.
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Dans le passé, Israël pensait toutefois ne jamais pouvoir trouver d'apaisement avec d'autres pays arabes comme l'Egypte et la Jordanie, c'est pourtant bel et bien arrivé.
De même avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) grâce aux accords d'Oslo. Face au Hamas, qui n'envisage même pas l'existence d'Israël, cela paraît impossible, surtout depuis le 7 octobre.
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Vladimir Poutine aura assuré un étonnant renouveau à cette organisation [l'OTAN] pourtant présentée comme son ennemie principale : sa défaite stratégique se lit ici. Bref, l'Europe, du moins l'Europe de I'Est, se remet en ordre de bataille pour la longue confrontation qui va l'opposer à la Russie et, dans l'immédiat, pour aider l'Ukraine. On imagine à quelles tensions va être soumis le fragile tissu européen, qui n'a jamais pu ni su se doter d'une politique de défense commune ni s'accorder sur sa vision géopolitique. Et pourtant, nous hésitons encore à admettre que nous sommes entrés dans une nouvelle ère.
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Reste le facteur purement humain. Rétrospectivement, on peut toujours se demander comment des sociétés modernes ont pu accepter de telles pertes dans les conflits du XXe siècle. En fait, les pertes s'égrènent seulement jour après jour, par petits paquets, ce qui n'est pas du tout, du point de vue psychologique et politique, la mêmne chose que d'annoncer par avance un total de pertes cumulées. Si l'on avait procédé à un sondage aux Etats-Unis avant l'engagement en Irak en 2003 en disant : « Approuvez-vous l'idée d'envahir l'Irak, sachant que cela va coûter 4 400 soldats américains tués et 20 000 autres blessés ?», il n'est pas du tout évident que les citoyens auraient approuvé. Dans la réalité, on paye un prix humain petit à petit en se disant que les sacrifices du jour valent le coup, puis une sorte d'engrenage psychologique se met en place : on estime qu'il ne faut pas que les sacrifices passés aient été consentis pour rien. On continue donc a accepter le « prix à payer » et on aboutit ainsi à des pertes que l'on n'aurait jamais imaginées avant-guerre
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