AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Artiola


J’échoue sur le grand bras de la Seine. Je m’accoude, je la regarde. Oh, ce n’est pas l’Orénoque, ni même le Danube ou le Rhin ! Ce n’est que la petite Seine. Elle coule, humble et modeste, au pied du monolithe impénétrable du Palais. Si lente qu’elle semble immobile. Et le ciel, d’un gris mât infranchissable, ne joue pas avec elle à ses habituels jeux de lumière. Le vent déchaîne un carrousel de flocons sur l’eau noire. Accoudé au parapet, malgré le froid qui me transperce, je songe à ses Américains que j’ai un jour entendus faire des désobligeantes comparaisons avec le Mississippi et d’autres cours d’eau moins majestueux comme le Minnesota ou l’Illinois. Ils ne comprenaient rien de ce qui fait l’importance d’un fleuve comme celui-ci, qui ne s’écoule pas par hasard à travers une ville. L’un et l’autre se sont choisis. Ensemble, ils ont créé une façon d’être et de vivre. Un esprit qui ne souffle nulle part ailleurs. Et l’air prend le goût de la pierre lavée, érodée par les eaux. Les nez les plus fins y perçoivent aussi l’ozone qui émane des millions d’appareils électriques en fonctionnement, le parfum de poussière et de grenier de pages tournées des livres, le fumet âcre de l’encre de l’imprimerie et celui de la poussière des derniers rayons des grandes bibliothèques, ceux où les livres sont si haut perchés qu’ils ne seront plus lus par personne. Mais c’est impossible. Aucun livre ne peut être oublié s’il a rencontré la ville et le fleuve.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}