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Citations de Michel Imbert (II) (17)


Mais il faut que je me présente : mon nom est Han Zuo. Je suis peintre. Ma carrière aurait pu avorter très vite car les événements dramatiques de ma jeunesse allient me rattraper. Je pensais que tout était oublié, mais l'histoire n'était pas terminée. Mes démons et mes peurs m'attendaient derrière la porte. On dit qu'il faut mieux que l'oeuf n'heurte pas la pierre, mais je répond avec un autre proverbe, qu'on ne peut pas marcher avec un caillou dans sa chaussure.
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Le matin même, il avait traversé la place Tiananmen pour aller visiter le musée d'Histoire et de la Révolution, mais en fait d'Histoire et Révolution, c'était plutôt Histoire et Propagande qui entremêlaient inextricablement leurs fils en images et trophées.
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Tapi dans l’ombre des saules qui bordaient la rue, un témoin qui ne prenait pas part aux passions des uns et des autres observait la scène. En se démanchant le cou, il apercevait un peu l’intérieur du poste de contrôle. Il avait le souffle court, tiraillé entre le désir de comprendre ce qui se passait dans le poste et celui de voir ce qui se préparait quelques dizaines de mètres plus haut dans la rue, avec ces gens qui faisaient du vacarme et la voix menaçante du mégaphone. Il s’approcha prudemment, prenant des photos en alternant un Nikon muni d’un téléobjectif et un Canon équipé d’un objectif 50 mm, puis il remonta la rue pour se mêler au groupe de citoyens près des jeeps. Une femme, le visage luisant de transpiration, les yeux brillant d’excitation, lui cria de prendre des photos de ce qui se passait, mais le témoin s’intéressait plutôt à l’officier qui ressortait maintenant du poste de contrôle, accompagné de deux soldats traînant le jeune homme passé à tabac et celui à la chemise blanche.
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— Vers la fin de ma détention, dit-elle, un peu gênée, j’ai bénéficié d’un stage de microélectronique et je travaille pour une entreprise d’électronique japonaise. Je suis veuve et j’ai une fille de douze ans. Mon mari était un ouvrier de chantier comme ceux qu’on voit là-bas. Il est tombé lui aussi. Il y a deux ans. Mais toi ? Tu as réussi, à ce que je vois. Je ne comprends pas très bien ce que tu fais, mais ça a l’air important.
— Il faut que tu viennes au vernissage de l’exposition que je prépare, proposai-je.
Elle acquiesça d’un mouvement de tête.
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Je ne saurais dire exactement quel était l’esprit qui m’habitait, ni quel enchaînement de circonstances m’a permis d’avoir le courage de chercher la vérité au mépris de ma carrière, de ma liberté, de ma vie peut-être.
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Mes démons et mes peurs m’attendaient derrière la porte. On dit qu’il vaut mieux que l’œuf ne heurte pas la pierre, mais je réponds avec un autre proverbe, qu’on ne peut pas marcher en regardant les étoiles avec un caillou dans sa chaussure.
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D’un pas chancelant, Chemise blanche avança vers le véhicule. Des larmes roulaient sur ses joues qu’il n’essuyait pas. L’officier s’écarta pour lui laisser la place. Le jeune homme s’installa au volant et fit rugir le moteur. Les roues patinèrent une seconde. La jeep bondit en avant, roula sur les corps au milieu des hurlements d’horreur et des éclaboussures de sang.
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Deux autres militaires à l’air arrogant fermaient la marche, fusil à la main. Guidés par l’officier, ils avancèrent jusqu’au groupe de citoyens. L’homme en chemise blanche couvrait de ses supplications la clameur de la rue. Il se jeta à nouveau aux pieds de l’officier. Celui-ci le releva par le col de sa chemise blanche, le gifla à la volée, criant des ordres secs en lui montrant du doigt l’autre, passé à tabac, maintenu par les soldats. Puis, méprisant les manifestants allongés par terre, il marcha vers la jeep à l’arrêt, parla au lieutenant et à son chauffeur, et les fit descendre. Les manifestants retenaient leur souffle. Ceux qui étaient couchés en travers de la route relevaient la tête, essayant de comprendre ce qui se passait. Ils étaient encore convaincus de gagner leur pari. Leur détermination ne faiblirait pas, ils s’en étaient tous fait le serment intérieurement.
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Un autre civil se trouvait déjà à l’intérieur. Un soldat le frappait. Le jeune homme à la chemise blanche cria, se jeta à genoux et exhorta le soldat à cesser de frapper le malheureux.

L’un des militaires, portant les insignes d’officier de l’ALP – la bien-nommée Armée de libération du peuple –, sortit pour observer la situation dans la rue. Un peu plus haut, il y avait un attroupement autour du barrage humain. Les gens couchés avaient l’air résolus à ne pas bouger. A deux mètres du premier corps allongé, la jeep s’immobilisa enfin. Les citoyens applaudirent. L’officier pesta et rentra dans le poste de contrôle.
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La jeep de tête ralentit encore, mais ne stoppa pas. Le mégaphone fit à nouveau entendre sa voix métallique. « Nous ne nous arrêterons pas ! Veuillez dégager la voie ! Je répète : nous ne nous arrêterons pas ! » Plusieurs dizaines de mètres séparaient les véhicules du rempart de corps. Bien des convois avaient été arrêtés de cette façon, mais celui-là comptait bien rejoindre le poste de contrôle où, au même moment, un militaire poussant brutalement devant lui un jeune homme en chemise blanche le faisait entrer dans l’ancien salon de coiffure à la vitrine occultée par un tissu de camouflage.
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L’un des plus jeunes hommes décida alors de s’allonger en travers de la chaussée. Un autre, plus vieux, se coucha précautionneusement sur le dos, sa tête touchant presque celle du premier. Une expression déterminée durcissait ses traits. Il avait les bras collés le long du corps. Une femme et deux autres hommes firent de même. Les cinq personnes allongées couvraient sur deux rangs la largeur entière de la rue où étaient garés, côté droit, quelques voitures et minibus.
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Dans la jeep de tête, le lieutenant porta le mégaphone à hauteur de sa bouche. Il assura que la colonne ne s’arrêterait pas. Une commode en bois bon marché et des planches entassées pêle-mêle éclatèrent sous les roues du véhicule. Les citoyens, hommes d’âge mûr pour la plupart, se groupèrent au milieu de la rue derrière les dérisoires obstacles qu’ils avaient jetés. « Pourquoi faites-vous ça ? Rejoignez-nous ! » crièrent-ils aux militaires, mais la colonne avançait toujours à vitesse réduite.
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Un peu plus haut dans la rue, on percevait mouvements et clameurs. Alertés par le bruit des jeeps, des citoyens enhardis s’étaient rassemblés pour jeter des meubles sur la chaussée et faire barrage à la colonne de véhicules détournée qui cheminait vers eux.
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La fumée âcre irritait la gorge des soldats. Le capitaine prit la responsabilité d’engager le convoi sur la droite pour rejoindre, dans une rue du district Chongwen, le poste de contrôle le plus proche, établi trois jours plus tôt dans une maison d’angle (un salon de coiffure en temps normal, mais réquisitionné pour l’occasion). L’enseigne en façade, constituée d’un cylindre à bandes blanches, bleues et rouges, tournait toujours autour de son axe comme si, à l’intérieur, on taillait encore les cheveux des gens et pas la chair vive du peuple.
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Le convoi avançait vite. Il avait ordre de stopper près du troisième périphérique, le long d’une grande avenue dans le Sud de Pékin, et d’attendre les ordres, mais bientôt, barrant la route à cet objectif, une fumée noire envahit la voie d’un trottoir à l’autre. La jeep de tête freina. A travers les volutes lourdes qui s’enroulaient comme un dragon, on distinguait une barricade de fortune, appuyée sur un bus de ville en feu.
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Les journalistes chinois sont champions de l'autocensure. En faisant ça, ils œuvrent pour la cohésion de la société, alors que vous, Occidentaux, vous cherchez exprès ce qui pourrait déstabiliser vos gouvernements.
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Dans la vie, c'est comme dans les romans. Pour sortir du sordide et du terrible, il suffit de refermer le livre, d'en ouvrir un autre dans sa tête.
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