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Critiques de Michel Larroche (3)
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Le livre des couleurs

Merci à Eve-Yeshe et à Philippegregorius pour leurs excellents billets qui m’ont donné l’envie de plonger dans ce petit ouvrage fort instructif à propos des enluminures et de la fabrication des encres et des couleurs.



Michel Larroche raconte une belle histoire, celle de Abraão ben Judah ibn Hayim qui a terminé ce Livre des couleurs à Loulé (Portugal) en l’an 22.



L’auteur a voulu élucider la date du manuscrit et explique les démarches et recherches minutieuses qu’il a effectuées pour savoir à quelle année correspond cet « an 22 ». L’étude des filigranes, des monnaies sur les enluminures et du colophon (achevé d’imprimer) lui permet de dater (5222 du calendrier hébraïque) le manuscrit écrit en portugais ancien transcrit en lettres hébraïques, en caractères arabes et en expressions italiennes. La raison de ce plurilinguisme est que Abraão ben Judah ibn Hayyim est un juif portugais qui, au moment de l’Inquisition, a fui en Italie. 5222 du calendrier hébraïque correspond à 1462 du calendrier grégorien.



Rien que cette partie du livre est didactique à souhait sans être rébarbative. De plus, il n’avait jamais été traduit en français et Michel Larroche s’est entouré d’excellents traducteurs, se réservant la partie technique et l’amélioration des titres de certains chapitres.



Puis vient la partie remarquable concernant les encres et les couleurs. C’est une succession de recettes avec les ingrédients, le dosage, le mode de cuisson et le petit secret pour obtenir du bleu noble, de l’or soleil, du vert-de-gris, du vermillon, du carmin soufi, du blanc de plomb, etc. Une fois les couleurs réalisées, vous pourrez choisir de teindre des poignées d’armes, de fabriquer des pièces d’échecs, d’appliquer l’or sur un couteau sans parler des détrempes et des mélanges.



Les enluminures du livre sont toutes de Michel Larroche, magnifiques parures du texte.



Si vous avez lu Pastel d’Olivier Bleys, vous savez que l’urine était un ingrédient privilégié dans la fabrication des teintures pour fixer la couleur. Il en fallait de grandes quantités. Le maître d’atelier n’étant pas suffisant à la tâche, les ouvriers accomplissaient leur devoir dans une pissotière commune et le mélange était malaxé pour créer une homogénéité puis était recouvert d’un linge frais pour en garder « tous les sucs ».



Ado, j’étais passionnée par le Moyen Age et la vie dans les monastères (pas toujours aussi austère que l’on pourrait croire ! c’est ça que j’aimais). Plus tard, pour l’obtention du diplôme de documentaliste, j’ai défendu un mémoire sur les bibliothèques d’abbayes médiévales et j’ai eu le privilège de tourner les pages de manuscrits, émerveillée par les enluminures et l’écriture en gothique.



Ce petit livre de Michel Larroche me rappelle l’heureux temps passé à me faire expliquer le travail ardu des enlumineurs, des copistes et des relieurs. Splendide et passionnant.

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Le livre des couleurs

Dans ce livre, Michel Larroche nous propose plusieurs étapes avant de nous donner accès au texte écrit par Abraao ben Judah ibn Hayyim.



Dans un premier temps, il nous livre toute son étude afin de dater au mieux le manuscrit. Le seul indice de départ est : 22 les deux chiffres notés par Abraao ben Judah ibn Hayyim. Il s’agit d’une année selon le calendrier juif mais laquelle ?



Pour cela il va rechercher tous les textes avec une référence à l’auteur, suivant ses traces de Loulé (Portugal) puis en Italie où il s’est réfugié après l’expulsion des juifs.



En ce qui concerne les textes retrouvés, il étudie le filigrane des documents (les croix et les couronnes utilisées à l’époque) ainsi que la numismatique (doublon d’or frappé au Portugal, écu d’or, florin d’Aragon)… Au fur et à mesure, la datation se précise et on aboutit ainsi à l’année 1462, c’est-à-dire : 5222 du calendrier hébraïque.



On se heurte au passage au plurilinguisme de Abraao ben Judah ibn Hayyim, Marrane (juif portugais) qui, en danger à l’époque, a mélangé « la langue de base (un portugais archaïque transcrit en caractères hébraïques) des mots d’origine arabe ainsi que deux expressions d’origine italienne (appartenant probablement au dialecte vénitien) » P 30



D’autre part, le texte semble avoir été écrit en partie par l’auteur et en partie retranscrit par des scribes.



Ensuite, Michel Larroche va approfondir la nature et l’originalité des couleurs, selon la même méthode extrêmement rigoureuse, ainsi que l’attention portée par le calligraphe aux couleurs des encres qu’il utilise, avant de nous proposer le texte dans son intégralité, la page de gauche écrite en portugais, celle de droite en français.



Abraao ben Judah ibn Hayyim nous livre ainsi ses secrets pour aboutir à des couleurs qui sont pour certaines à couper le souffle, tel le vert d’iris, dite vert-de-lys ou le bleu azurite appelé bleu des montagnes que j’ai beaucoup aimé dans les enluminures proposées par Michel Larroche qui sont magnifiques.



J’ai été frappée par le nombre de recettes qui utilisent l’urine humaine, mais aussi les sarments de vigne et le terme recette est très approprié car l’auteur propose un mode de cuisson : sur les braises (« asado ») pour l’utilisation de l’urine…



J’ai pris un plaisir à déguster ce beau livre, car il faut s’imprégner du raisonnement de Michel Larroche qui a fait un travail extraordinaire, entrant dans les détails pour exposer les manières de faire les compositions, nous proposant des tableaux, sans oublier la bibliographie qu’il nous fournit; donc cela prend du temps pour assimiler…



Ce livre a un autre intérêt pour moi, sur le plan personnel : Abraao ben Judah ibn Hayyim est originaire de Loulé, la ville natale de mon mari, ce qui me donne l’occasion d’approfondir mes connaissances sur le Portugal, son histoire et l’exil forcé des Marranes et aussi le texte en portugais que je vais étudier tranquillement….



Je remercie vivement Babelio et les éditions PUM qui m’ont fait un très beau cadeau de Noël !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Le livre des couleurs

Très intéressant livre, merci à Masse Critique pour m’avoir permis de découvrir cette version du Livre des Couleurs d’Ibn Hayyim.

Je m’attendais à un ouvrage plus coloré il est vrai, moins verbeux, et moins technique. Mais je ne vais pas critiquer l’ouvrage de base : je vais m’en tenir au commentaire de la version reçue.

Le livre est agréable à tenir, à lire, et l’introduction est très enrichissante. Ensuite, on trouve la traduction du livre original : à gauche le portugais, à droite le français. Le contenu est très technique : on y trouve des recettes de teinture, des secrets de fabrication de peintures, des informations sur les pigments…

Heureusement, de temps à autre, une illustration ajoutée par l’éditeur Michel Larroche vient illustrer les propos en montrant ce que ces couleurs peuvent donner. On aimerait en avoir plus.

Je retiens tout particulièrement la première partie, avec toutes ses explications, ses schémas techniques, etc. Beau livre donc !

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